Patiente morte aux urgences : les premières conclusions de l’enquête attendues au début de janvier
Patiente morte aux urgences : les premières conclusions de l’enquête attendues au début de janvier
Le Monde.fr avec AFP
La patiente, retrouvée morte mardi matin aux urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris, était considérée comme « sortie » par le personnel.
La mort inexpliqué d’une patiente mardi matin après son admission aux urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris, presque douze heures auparavant, donne lieu à une enquête interne dont les premières conclusions sont attendues « tout début janvier », a annoncé jeudi 20 décembre l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué.
Prise en charge lundi par les sapeurs-pompiers, elle avait été conduite au service d’accueil des urgences de cet hôpital du 10e arrondissement de Paris « vers 18 h 45 », selon l’AP-HP. « Elle a été accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service et orientée dans un “circuit court” », concernant a priori les cas jugés les moins graves et nécessitant une simple consultation.
« A 1 h 20, après avoir été appelée sans succès, la patiente est considérée comme étant sortie. Elle est retrouvée décédée vers 6 heures dans la salle d’attente du service d’accueil des urgences », relate le communiqué. Un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) local extraordinaire s’est tenu jeudi après-midi.
« Analyser le processus de la prise en charge »
L’enquête interne a été diligentée par l’AP-HP et l’agence régionale de santé d’Ile-de-France. Elle sera codirigée par le professeur Dominique Pateron, président de la collégiale des urgences de l’AP-HP, et le docteur Pierre Charestan, chef du service des urgences de l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Elle vise notamment à « analyser le processus de prise en charge de cette patiente, sa conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations », et « formuler (…) des recommandations plus générales sur le fonctionnement » des services d’urgence. « Les premières conclusions sont attendues tout début janvier 2019 », précise l’AP-HP.
Le parquet de Paris a également ouvert une enquête « en recherche des causes de la mort », confiée au service de police judiciaire du 10e arrondissement.
« Près de 85 000 passages annuels »
L’AP-HP rappelle que le service d’accueil des urgences de Lariboisière « est celui où le nombre de passages est le plus important de l’AP-HP avec près de 85 000 passages annuels et une progression de plus de 5 % depuis 2017 ». Un « plan est en cours de déploiement » avec des embauches à la clé, à la suite de « tensions cet été avec des fréquentations records de 350 passages par jour ».
« C’est un service qui a l’habitude d’héberger des personnes la nuit, soit après un épisode d’alcool ou de toxicomanie ou juste des sans-abri, a expliqué le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, jeudi sur France Inter. Quelque chose qui est à la frontière du soin et du social, très compliqué à gérer. » Il a promis l’embauche de « quelqu’un qui puisse prendre en charge cette particularité ».
Dans un communiqué, le conseil de l’ordre des médecins « fait part de sa très vive émotion et appelle à des mesures d’urgence structurantes pour les établissements hospitaliers et leur personnel ». Le premier syndicat de l’AP-HP, l’USAP-CGT (Union syndicale de l’assistance publique-Confédération générale du travail), avait dénoncé mercredi « le manque de lits et de moyens » à l’hôpital Lariboisière, tandis que l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a « alerté » le gouvernement « sur la situation devenue impossible à gérer » aux urgences en général.