En Tanzanie, la « reine de l’ivoire » condamnée à quinze ans de prison
En Tanzanie, la « reine de l’ivoire » condamnée à quinze ans de prison
Le Monde.fr avec AFP
Présente dans le pays depuis les années 1970, la Chinoise Yang Fenlan est impliquée dans le trafic de 860 défenses d’éléphant entre 2000 et 2014.
La Chinoise Yang Fenlan (au centre), lors de son procès pour son rôle d’intermédiaire entre un réseau de braconnage local et des acheteurs internationaux dans le trafic d’ivoire, à Dar es-Salaam, en Tanzanie, le 19 février 2019. / AFP
La Chinoise Yang Fenlan, surnommée la « reine de l’ivoire », a été condamnée mardi 19 février à quinze ans de prison par un tribunal tanzanien pour son rôle dans le trafic de 860 défenses d’éléphant entre 2000 et 2014. Agée de 69 ans et présente en Tanzanie depuis les années 1970, elle a été reconnue coupable d’avoir joué, pendant plus de dix ans, le rôle d’intermédiaire entre un réseau de braconnage local et des acheteurs internationaux. Jugés dans le même procès, deux hommes d’affaires tanzaniens ont également été condamnés à quinze ans de réclusion par le tribunal de Kisutu à Dar es-Salaam, la capitale économique du pays.
Les trois coaccusés, qui encouraient une peine maximale de trente ans de prison, ont également été condamnés à une amende collective de quelque 13 millions de dollars (plus de 11 millions d’euros), soit le double de la valeur marchande des défenses dont ils ont fait le commerce. S’ils ne s’acquittent pas de cette somme, ils purgeront deux ans de prison supplémentaires.
« Les trois accusés travaillaient main dans la main », a déclaré le juge Huruma Shaidi, selon lequel les deux hommes d’affaires « collectaient les défenses d’éléphant en différents endroits du pays pour les remettre » à Yang Fenlan, qui était au moment de son arrestation, en 2015, la vice-présidente du China-Africa Business Council de Tanzanie. Elle possède par ailleurs plusieurs restaurants à Dar es-Salaam.
Environ 30 000 éléphants tués par an
« Aujourd’hui est un grand jour pour la Tanzanie », a réagi sur sa page Facebook la fondation de protection de la nature Protected Area Management Solutions (PAMS), dont un des responsables, le Sud-Africain Wayne Lotter, avait été tué en août 2017 à Dar es-Salaam par des inconnus. Selon ses collègues, M. Lotter a payé les frais de son combat.
Déjà, en 2015, l’arrestation de Yang Fenlan avait été saluée par les défenseurs de la faune sauvage, certains évoquant « la plus importante arrestation » de ces dernières années en Afrique de l’Est dans la lutte contre le trafic de l’ivoire et nourrissant l’espoir que « des officiels corrompus » seraient également traduits en justice.
Le commerce illégal d’ivoire est alimenté par la demande en Asie et au Moyen-Orient, où les défenses d’éléphant sont utilisées dans la médecine traditionnelle et en ornementation, ce qui décime les populations de pachydermes. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants d’Afrique vient d’enregistrer sa plus importante chute depuis vingt-cinq ans : le continent compte environ 415 000 spécimens, soit 111 000 de moins que lors de la dernière décennie. Et le massacre continue au rythme vertigineux d’environ 30 000 éléphants par an.
La Tanzanie, l’un des pays qui comptent la plus importante population d’éléphants sur le continent africain, est aussi l’un des plus touchés par ce problème. Un recensement récent notait que la population de pachydermes y a diminué de 60 % entre 2009 et 2014.