La princesse Rima Bint Bandar lors d’un forum annuel sur les investissements organisé à Riyad, le 24 octobre 2018. / FAYEZ NURELDINE / AFP

C’est une première : l’Arabie saoudite a nommé, samedi 23 février, une femme au poste d’ambassadrice aux Etats-Unis. La princesse Rima Bint Bandar va remplacer à Washington le prince Khaled Ben Salman, frère cadet du puissant prince héritier Mohammed Ben Salman (dit « MBS »), nommé ministre adjoint de la défense.

« La princesse Rima sera la première ambassadrice de l’histoire saoudienne », a tweeté le fondateur de l’Arabia Foundation, un think-tank pro-saoudien, Ali Shihabi, estimant qu’il s’agit d’un « signal fort pour l’intégration des femmes dans le gouvernement et la force de travail » du royaume ultraconservateur.

Fille du prince Bandar Ben Sultan, qui fut ambassadeur aux Etats-Unis de 1983 à 2005, cette militante des droits des femmes a notamment fait campagne pour une participation accrue de ces dernières dans le sport saoudien.

Une main tendue vers Washington

Sa nomination intervient alors que l’image des dirigeants saoudiens a été profondément ternie par l’assassinat par un commando venu de Riyad du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. L’affaire embarrasse l’administration américaine, soucieuse de préserver son alliance stratégique avec le royaume saoudien.

Le Sénat américain a jugé que MBS était « responsable » du meurtre de Khashoggi, qui collaborait notamment avec le Washington Post. Mais Riyad a toujours nié catégoriquement l’implication du prince héritier, mettant en cause des responsables moins haut placés, présentés comme des éléments « incontrôlés » et actuellement devant la justice saoudienne.

« La nomination d’une nouvelle ambassadrice est une tentative de Riyad pour donner un nouveau départ à sa relation avec Washington et faire oublier l’affaire Khashoggi, même si dans la pratique cela n’arrivera probablement pas, au moins avec le Congrès », a expliqué à l’Agence France-presse (AFP) Kristian Ulrichsen, chercheur à l’Institut Baker de la Rice University aux Etats-Unis.

Le prince Khaled, fils du roi Salman et ancien pilote de chasse, occupait le poste d’ambassadeur à Washington depuis 2017. Il prendra ses nouvelles fonctions de ministre adjoint de la défense alors que Riyad est depuis quatre ans à la tête d’une coalition internationale qui soutient les forces progouvernementales au Yémen contre les rebelles Houthis chiites. « Le prince Khaled hérite d’un portefeuille qui est difficile, mais aussi crucial pour son père, pour son frère et pour le royaume », a estimé Becca Wasser, analyste politique à la RAND Corporation aux Etats-Unis.