Sergio Ramos, le 24 janvier. / JAVIER SORIANO / AFP

Certains invoqueront le karma. D’autres, la conséquence d’une terrible faute professionnelle. Alors que le Real Madrid sombrait, mardi soir, sur la pelouse du stade Santiago Bernabeu face à l’Ajax d’Amsterdam en huitièmes de finale de la Ligue des champions, son capitaine, Sergio Ramos, assistait depuis les tribunes, la mine déconfite, impuissant, à l’élimination de son équipe.

Suspendu pour cette rencontre pour avoir volontairement pris un carton jaune lors du match aller, considérant que la qualification était acquise, Sergio Ramos a été au centre de toutes les discussions avant et après la rencontre.

Le réalisateur ne s’était pas trompé en multipliant les gros plans sur le capitaine des Merengue, confortablement installé dans sa loge du stade Santiago Bernabeu : le capitaine a abandonné son navire et son absence explique en partie le naufrage de son équipe.

Un documentaire à sa gloire tournée pendant la rencontre

La défense du Real Madrid a été à la peine, totalement dépassée par la fougue et la vitesse du jeu des joueurs de l’Ajax qui ont tiré 20 fois au but, pour quatre buts inscrits. Comme un symbole, le remplaçant de Sergio Ramos, Nacho Fernandez, auteur d’une médiocre prestation, a été expulsé dans les arrêts de jeu de la rencontre.

Circonstance aggravante pour le défenseur de la Roja, d’autres caméras étaient pointées sur le joueur pendant ce match : un documentaire à la gloire du légendaire défenseur du Real, qui sera diffusé sur Amazon, était tourné pendant la rencontre.

Son entraîneur Santiago Solari a été le premier à déplorer l’absence de Sergio Ramos après l’élimination de son équipe : « Sans vouloir dire du mal de personne, il est clair que notre capitaine nous a manqué. » Sans vouloir dire du mal, donc, mais en insistant tout de même sur le poids de l’absence de l’intéressé et ses fâcheuses conséquences.

Une attitude qui a sans doute galvanisé les joueurs de l’Ajax Amsterdam, trop heureux de l’absence d’un joueur qui a remporté les plus prestigieux trophées que comptent le football moderne.

« Sergio est le patron sur le terrain et en défense. Son absence n’est pas seulement une perte tactique pour eux, mais aussi mentalement. Son absence est une perte pour Madrid. Il est clair que sans Ramos, ils ne seront pas une meilleure équipe », avait prophétisé Erik ten Hag, l’entraîneur de l’Ajax, avant la rencontre.

« En football, il faut prendre des décisions difficiles »

Lors du match aller, Karim Benzema et Marco Asensio avaient permis aux Merengue de prendre un avantage important grâce à une victoire 2-1. Mais juste après le second but, inscrit à la 87e minute, Ramos avait reçu un carton jaune à l’occasion de sa 600e apparition avec le maillot blanc.

Il a été très rapidement soupçonné d’avoir volontairement pris cet avertissement pour vider son casier disciplinaire en vue des quarts de finale. Des soupçons qu’il a lui-même étayés après la rencontre devant les journalistes :

« En regardant le résultat, je mentirais si je disais que je n’ai pas forcé l’avertissement (…) Il ne s’agit pas de sous-estimer l’adversaire ni de penser que le match est fini, mais en football, il faut prendre des décisions difficiles. »

Conscient de la maladresse de ses aveux, il avait tenté un rétropédalage. En vain. L’UEFA avait finalement ouvert une enquête et suspendu le joueur… pour deux rencontres.

Pas de regrets pour Sergio Ramos, lui et son équipe ne verront pas les quarts de finale, pour la première fois depuis 2010.