MBA : enquêter avant de se lancer dans l’aventure
MBA : enquêter avant de se lancer dans l’aventure
Par Maxime François
S’engager dans un MBA ne se fait pas à la légère. Voici quelques clés pour se décider et choisir sa formation, dans un marché très concurrentiel.
Le campus d’HEC, à Jouy-en-Josas (Yvelines)
Peu connu, et obéissant à des codes anglo-saxons, le monde des MBA est difficile d’abord pour les non-initiés. Comment se repérer dans ce maquis de formations, aujourd’hui proposées dans la plupart des écoles de commerce, ainsi que dans quelques écoles d’ingénieurs ? Ces cursus d’un an minimum s’adressent à des jeunes cadres avec quelques années d’expérience professionnelle, et qui veulent s’appuyer sur l’effet « accélérateur de carrière » de ce diplôme pour progresser dans la hiérarchie, et accéder à des postes au sein de directions générales.
A l’Insead, par exemple, l’âge moyen des participants est de 29 ans, avec six ans d’expérience professionnelle. On trouve dans les MBA des diplômés d’écoles d’ingénieurs, de jeunes cadres issus de formations juridiques, en marketing ou en finance. Mais aussi des pharmaciens, des diplômés en sciences humaines… Objectif : acquérir des bases dans tous les domaines du business, apprendre le « leadership », la stratégie. Au programme : des études de cas, des mises en situations, des exercices en équipes, de l’anglais à haute dose, des cours sur le business plan ou la responsabilité sociale des entreprises…
Mais aussi, selon les MBA, des enseignements plus pointus : Neoma propose dans son MBA des cours sur l’intelligence artificielle, le big data, les marchés émergents… Skema envoie ses participants aux Etats-Unis ou au Brésil. Kedge propose une spécialisation en management des vins et spiritueux. Mais au-delà, le MBA est surtout une occasion, dans une carrière, de s’interroger sur ses pratiques, de mieux se connaître, et de se créer un nouveau réseau.
Faire évaluer son projet
Mais cet investissement lourd en temps et en argent nécessite, en amont, d’être au clair avec ses objectifs. Thomas Jeanjean, directeur général adjoint de l’Essec, conseille « de demander un entretien avec les responsables des programmes pour évaluer son projet ». Les contacts avec les écoles lors de salons, le recueil d’avis auprès de cadres dirigeants sur la démarche et sur le choix du MBA sont des étapes obligatoires avant d’arrêter son choix. « Il est indispensable de mener son enquête avant de signer un chèque », conseille le directeur de la communication à HEC Paris Philippe Oster. « Il faut surtout contacter des anciens élèves, qui ont fait le pari de s’arrêter, de s’endetter, de trouver un compromis avec leur vie familiale pour un MBA », explique Philippe Oster.
Il existe en France 300 programmes MBA – cette appellation n’est pas soumise à l’approbation et aux contrôles du ministère de l’enseignement supérieur, contrairement, par exemple, au diplôme de master. Ils rassemblent des réalités très diverses. Les classements internationaux des MBA, comme celui du Financial Times, donnent une idée des formations les plus reconnues à l’international.
On y compte une poignée d’écoles françaises – HEC, EM Lyon, Grenoble EM, l’Essec et l’Insead −, même si leurs rivales américaines se taillent la part du lion. Ce classement, qui combine une multitude de critères, confère beaucoup de poids à la progression salariale, pondérée selon les secteurs. Autrement dit, sur le fameux « retour sur investissement » du participant. « Pour que l’investissement soit rentable, il faut espérer avoir remboursé ses frais dans les trois ans maximum après la validation du diplôme, souligne Philippe Oster, à HEC. Si tout va bien, on peut constater une évolution salariale significative six mois après la reprise du travail. »
Multiplier les approches
Pour faire son choix, multiplier les approches est une bonne stratégie. Pour le directeur de Rennes School of Business Thomas Froehlicher, « les classements se complètent : par exemple, celui du Financial Times englobe la question de la parité hommes-femmes tandis que le magazine Forbes se concentre essentiellement sur le retour sur investissement. »
D’autres critères, comme les labels, permettent de se faire une idée. Première étape, pour les écoles françaises : l’appartenance à la Conférence des grandes écoles (CGE) – les écoles qui en sont membres délivrent des diplômes visés par l’Etat. Les trois grandes accréditations internationales (le label américain AACSB, le label européen Equis, le label britannique AMBA réservé au MBA) sont plus exigeantes. Les écoles qui les obtiennent, au terme d’un lourd audit et de multiples rapports, répondent à des critères de qualité en termes de formation, recherche, de suivi des étudiants.
Rares sont les écoles décorées de la « triple couronne » : elles ne sont qu’une quinzaine en France. A l’Essec, Thomas Jeanjean met également en avant le label d’état EEPSIG (Etablissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général), qui distingue aussi le caractère non lucratif et la gestion désintéressée, ainsi que son engagement à respecter les missions de service public. Quinze écoles de commerce ont obtenu ce label en France.
GMAT, Toeic ou Toefl : un passage obligé
Autres domaines à évaluer : la puissance du réseau des anciens, les liens établis avec les entreprises, le profil des participants et des enseignants, le degré d’internationalisation des promotions, la publication d’enquête sur l’insertion et les salaires des diplômés… Une recherche qui prend du temps. Une fois la formation trouvée, encore faut-il s’y faire admettre : à titre d’exemple, le MBA d’HEC recrute 17 % des candidats.
D’autres sont bien moins sélectifs. Le GMAT, test qui fait appel à des compétences en logique et en calcul, est l’un des passages obligé des procédures de sélection. De même que les tests validant un niveau en anglais (Toeic ou Toefl), les lettres de motivation et de recommandation. Une fois le feu vert obtenu, reste à faire le tour des banques pour obtenir un prêt.
Une façon de réduire le coût total consiste à opter pour un Executive MBA (à temps partiel), qui permet de conserver son emploi et de suivre les cours le week-end, en fin de journée, ou sur certaines périodes balisées. Un défi personnel plus important et une expérience moins « immersive » que la formule à temps plein, mais qui permet de conserver une rémunération. Un atout non négligeable.