Les Olympiades des métiers, un moteur pour des étudiants de tous bords
Les Olympiades des métiers, un moteur pour des étudiants de tous bords
Par Eric Nunès
Ce concours international est l’occasion pour des jeunes de valoriser un savoir-faire industriel ou artisanal. Rencontre avec Quentin Delafolie, en BTS conception et réalisation de produits, qui participera à la prochaine édition, en Russie.
Quentin Delafolie / Eric Nunès / Le Monde
« C’est Delafolie ! » Congratulations, applaudissements, de la fierté et de l’émotion quand le jeune homme monte sur le podium. A 20 ans, Quentin Delafolie enchaîne victoires et médailles. Un sportif ? Pas exactement : « J’ai fait une fois une compétition de judo, je crois… », dit-il, une expérience qu’il n’a pas renouvelée. C’est pourtant bien des olympiades, qu’il vise, et « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort ») pourrait être sa devise.
Quentin Delafolie est usineur, et les jeux pour lesquels il veut concourir, ce sont les 49e Olympiades des métiers, une compétition internationale qui rassemble plus d’un millier de jeunes professionnels de moins de 23 ans, issus de quatre-vingts pays. Chaque compétiteur doit faire la preuve de son excellence dans son domaine d’expertise. Au total, 52 métiers de l’industrie, de l’artisanat et des services (de la plomberie à la peinture, en passant par l’impression 3D, la coiffure…) récompenseront leur meilleur talent. Le championnat se tiendra à Kazan, en Russie, du 22 au 27 août 2019.
L’usinage, « c’est, d’un bloc de métal brut, réaliser une pièce mécanique qui va servir dans un système », explique Quentin Delafolie. Lui est tombé dedans à l’occasion de son stage de troisième. Il était bon collégien. Conseiller d’orientation et professeurs l’encouragent à poursuivre sa scolarité en seconde générale.
« Ils pensaient que j’allais gâcher mes compétences en bac professionnel, que c’est une filière où on met les mauvais, ceux qui sont en situation d’échec, alors que nous nous formons au cœur du monde du travail, nous apprenons un métier avec ses contraintes, ses urgences, sa hiérarchie. »
Après moins d’un an de formation, en classe de première, son « professeur d’atelier » lui propose de participer au concours général des métiers, un grand raout national qui vise à distinguer dans leur spécialité les meilleurs élèves et apprentis de France. Une première sélection est réalisée au niveau national, et les meilleurs sont qualifiés pour s’affronter, côte à côte, à Montluçon (Allier). « Nous devions alors réaliser un modèle réduit d’un Airbus A320. Je termine premier de cette édition 2017 », raconte l’ancien lycéen. Quelques mois plus tard, c’est un autre examen national, le baccalauréat, qu’obtient le jeune Delafolie. « A ça de la mention très bien », précise-t-il en montrant un espace d’un centimètre entre le pouce et l’index. Le goût de la performance a pris racine.
Une médaille pour progresser
Au centre de formation de Senlis (Oise), où il prépare un BTS Conception des processus de réalisation de produit, Quentin croise ensuite Daniel Bailly, professeur de productique et coach. L’enseignant repère les élèves à fort potentiel et les encourage à élever leurs compétences en participant aux Olympiades des métiers. Une victoire ou une médaille, « c’est de la notoriété pour l’école » et « l’acquisition d’un haut niveau technique pour l’étudiant », explique l’enseignant. Le chemin pour Kazan commence à Beauvais, avec les qualifications régionales en mars 2018. La région sélectionnera un apprenti, ce sera Quentin. « De tous les candidats que j’ai préparés, c’est celui qui a le plus de potentiel », estime le coach Bailly. Il faut maîtriser les machines et les logiciels qui les contrôlent, « peu de gens se rendent compte de l’investissement nécessaire ».
En décembre 2018 vient le concours national qualificatif pour les Olympiades. Petite déception : le natif des Hauts-de-France termine sur la deuxième marche du podium, mais conserve une chance d’obtenir un billet pour Kazan. « Quoi qu’il en soit, je me représenterai en 2020 », déclare-t-il. L’appétit pour la gagne s’accompagne d’un mode d’emploi que maîtrise Quentin : « Une grosse préparation, des séances de perfectionnement sur la machine, l’apprentissage de nouveaux logiciels et s’exercer à faire mieux et plus vite. » Pas loin de la devise olympique : « Plus vite, plus haut, plus fort. »