Le prix Nomura, gros lot de l’art contemporain
Le prix Nomura, gros lot de l’art contemporain
Par Emmanuelle Jardonnet
Le premier lauréat de ce prix, créé par une banque d’affaires japonaise et doté d’un million de dollars, sera annoncé en octobre.
La banque d’affaires japonaise Nomura a annoncé, le 20 mars, la création d’un prix d’art contemporain. / Flickr/MJ/TR
Tout juste créé, le Nomura Art Award se positionne d’emblée comme le prix le plus richement doté du champ de l’art contemporain. Il récompensera chaque année « un artiste ayant produit un ensemble de travaux d’une importance culturelle majeure », à hauteur d’un million de dollars. La banque d’affaires japonaise Nomura, qui a annoncé mercredi 20 mars la création de ce prix destiné à « promouvoir la créativité », décernera également un Emerging Artist Award à deux artistes d’exception en début de carrière, avec 100 000 dollars pour chacun à la clé. Les annonces se feront en deux temps : Nomura révélera le 21 mai à Kyoto les noms des deux artistes émergents distingués, tandis que le nom du grand lauréat sera dévoilé lors d’une cérémonie à Shanghaï au mois d’octobre.
Un jury international de sept membres
Qui peut être l’heureux élu ? Tout artiste contemporain, « indépendamment de [son] lieu de vie et de travail ». Il ou elle pourra d’ailleurs utiliser la dotation « en totalité ou en partie pour mener à bien un projet d’envergure qui n’aurait pu être réalisé sans ce soutien ». Les shortlists, qui seront tenues secrètes, se feront sans candidature : les lauréats seront choisis par un prestigieux jury international.
Cette année, celui-ci est composé de sept membres : Doryun Chong, le directeur adjoint et conservateur en chef du musée M +, dont l’ouverture est attendue en 2020 à Hongkong, et qui sera spécialisé dans l’art moderne et contemporain asiatique ; Kathy Halbreich, ancienne directrice associée et conservatrice au MoMA et actuelle directrice générale de la Robert Rauschenberg Foundation (New York) ; Yuko Hasegawa, la conservatrice en chef du Musée d’art contemporain de Tokyo, qui fut récemment la commissaire des expositions « Japanorama » au Centre Pompidou-Metz et « Fukami » à l’Hôtel Salomon de Rothchild, à Paris ; l’Autrichien Max Hollein, tout nouveau directeur du Metropolitan Museum of Art, à New York ; Nicholas Serota, qui après avoir dirigé la Tate pendant près de trente ans, a pris la tête de l’Arts Council, l’organisme britannique voué à la promotion des arts ; et l’Américain Allan Schwartzman, cofondateur et directeur de la société de conseil en art Art Agency, Partners (AAP), et coprésident de la section beaux-arts de Sotheby’s.
Le prix maintient dans son jury le nom du commissaire d’exposition américano-nigérian Okwui Enwezor, grand spécialiste de l’art contemporain africain et figure de la Haus der Kunst de Munich, qui fut le commissaire d’exposition de la Documenta de Kassel 1998-2000 et de la Biennale de Venise 2015. Okwui Enwezor est mort, le 15 mars.
Concurrencer le Praemium Imperiale
Au Japon, le prix Nomura vient concurrencer le Praemium Imperiale, attribué depuis 1989 par la famille impériale, qui récompense chaque automne à Tokyo des artistes internationaux dans cinq domaines (peinture, sculpture, architecture, musique, théâtre et/ou cinéma), avec pour chacun une dotation importante, mais bien moindre, de 15 millions de yens (environ 117 000 euros). Les lauréats, recommandés par des conseillers internationaux, sont choisis par un comité anonyme de l’Association japonaise des beaux-arts.
A titre de comparaison, au Royaume-Uni, le Turner Prize, organisé par la Tate Britain depuis 1984, et qui récompense chaque année un artiste contemporain britannique ou résident de moins de 50 ans, est doté 40 000 livres (environ 46 000 euros), dont 25 000 (29 000 euros) vont au lauréat, le reste étant partagé entre les trois autres artistes sélectionnés (5 800 euros chacun). En France, le prix Marcel Duchamp, qui distingue chaque année un lauréat parmi quatre artistes français ou résidant en France, est organisé par les collectionneurs en partenariat avec le Centre Pompidou, et est doté de 35 000 euros. Quant au Prix de la Fondation Ricard, décerné par un jury de critiques d’art et de collectionneurs, il récompense chaque année un jeune artiste français en acquérant son œuvre à hauteur de 15 000 euros, en l’exposant, et en l’offrant au Centre Pompidou.
A New York, le prix Hugo Boss, soutenu par la Fondation Guggenheim, récompense tous les deux ans depuis 1996 des artistes de toutes nationalités pour l’ensemble de leur œuvre, avec une dotation de 100 000 dollars (87 500 euros) et une exposition. Toujours aux Etats-Unis, pas de shortlist publique ni de candidatures pour le Prix MacArthur, qui récompense la créativité dans tous les domaines et est doté de 500 000 dollars. Certains artistes l’ont obtenue, dont James Turrell en 1984 ou Bill Viola en 1989. Le Prix TED, qui existe depuis 2005, est comme le prix Nomura doté à hauteur d’un million de dollars depuis 2014. Seul un artiste a jusqu’ici été lauréat : le Français JR, en 2011, quand le prix n’était doté « que » de 100 000 dollars.
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