Un poster électoral du président turc Erdogan devant Sainte-Sophie à Istanbul, le 26 mars. / YASIN AKGUL / AFP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi 27 mars que « le temps est venu » pour l’ex-basilique Sainte-Sophie d’Istanbul de redevenir « une mosquée ». Le chef de l’Etat islamo-conservateur jugeant que sa transformation en musée avait été une « grosse erreur ».

Cette qualification « sera retirée » du statut du monument, a-t-il affirmé lors d’un entretien à la télévision A Haber : « Nous appellerons Ayasofya [le nom turc de Sainte-Sophie] une mosquée ».

Construite au VIe siècle à l’entrée du détroit du Bosphore et de la Corne d’or, cette ancienne basilique où étaient couronnés les empereurs byzantins a été convertie en mosquée au XVe siècle, après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453.

Transformée en musée sous le régime laïque de Mustafa Kemal Atatürk dans les années 1930, Sainte-Sophie fait régulièrement l’objet de polémiques entre chrétiens et musulmans en raison de la multiplication d’activités liées à l’islam en son sein, avec des séances de lecture de versets du Coran ou des prières collectives.

Colère des chrétiens et tensions avec la Grèce

Le statut de ce monument, classé au patrimoine mondial de l’Unesco et visité par des millions de touristes chaque année, autorise les croyants de toutes les religions à y méditer, réfléchir ou simplement à profiter de son architecture.

M. Erdogan mène campagne pour éviter un vote sanction contre son Parti de la justice et du développement (AKP) lors des élections locales qui se tiennent dimanche 31 mars.

Affirmant que le changement de dénomination de Sainte-Sophie répond à « une demande » de la part du peuple turc, le dirigeant a promis que cette mesure serait examinée après le scrutin. M. Erdogan avait déjà évoqué cette idée dimanche.

Une telle décision serait susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d’attiser les tensions avec la Grèce voisine, qui a plusieurs fois exprimé sa préoccupation quant aux initiatives qui remettent en cause le statut de Sainte-Sophie, l’un des lieux emblématiques du passé orthodoxe d’Istanbul.