« Quand les animaux sauvages emménagent en ville » : ours des cités et oies du bitume
« Quand les animaux sauvages emménagent en ville » : ours des cités et oies du bitume
Par Catherine Pacary
En trois épisodes, la série d’Arte sur ces animaux sauvages d’Amérique du Nord qui emménagent en ville montre des scènes inimaginables en France
« Salut voisin ! », lance l’habitante d’un quartier pavillonnaire à un ours noir qui déambule nonchalamment sur le trottoir. Un peu plus loin, un grand mâle fouille un garage pendant que trois oursons pataugent dans la piscine d’un particulier – qui leur a fourni des jouets pour s’amuser. Inimaginable en France, cette scène se déroule à Ashville, sur la Côte est des Etats-Unis, où des centaines de ces plantigrades se sont installés, attirés par la nourriture facile et l’absence de prédateurs naturels. Ce sont les mêmes motivations qui ont poussé les coyotes à envahir Chicago, les pumas à squatter les parcs de Los Angeles, les castors à coloniser Vancouver… La minisérie « Quand les animaux sauvages emménagent en ville » recense neuf cas emblématiques selon leur zone géographique : la grande forêt de l’Est (6 mai), les grandes plaines (le 7 mai) et la Côte ouest (le 8 mai).
Thème cher à la culture américaine, la faculté d’adaptation de ces animaux « opportunistes » est mise en valeur. A Montréal, au Québec , où la densité de ratons laveurs (40/km2) est deux fois supérieure à la densité en milieu sauvage, le petit mammifère (comme l’ours d’ailleurs) a très vite appris à ouvrir les poubelles – trop peut-être, puisqu’on a recensé des ratons obèses et porteurs de caries. Revers de la médaille : les renards nains nés à Bakersfield, ville de Californie du Nord qu’ils ont prise d’assaut, ne sont plus capables de vivre dans leur milieu naturel.
Face à cet état de fait, l’homme doit lui aussi s’adapter. Scientifiques, universitaires et ONG équipent les animaux de colliers, de GPS, et éduquent les humains pour que la cohabitation se passe au mieux. Le résultat peut parfois surprendre. A Los Angeles, un puma vit dans le parc municipal depuis cinq ans, partageant son territoire avec les joggeurs, les enfants, les familles. Personne n’a essayé de le capturer pour le ramener dans son habitat d’origine ou l’expédier dans un zoo. Il a juste été baptisé P22 et équipé d’une balise GPS. Jusqu’ici, pas d’incident.
Une cohabitation variable
La réussite d’une cohabitation n’est pas corrélée à la dangerosité de l’animal. Ainsi, si tout se passe bien pour les ours ou les pumas, les coyotes font peur à Chicago, où ils sont accusés, à tort, d’attaquer les animaux de compagnie. A Kansas City, dans le Missouri, les oies de Bernache ne sont pas non plus appréciées. Elles ont, il faut dire, la fâcheuse habitude de percuter les avions en vol et, grosses mangeuses, défèquent… toutes les sept minutes, ce qui ne fait pas rire du tout les résidents. A Washington, ce sont les cerfs – 100 au km2 – qui exaspèrent. Ils provoquent 1 million de collisions par an (et 200 tués) et la maladie de Lyme, transmise par la tique du cerf, se propage à toute vitesse.
A contrario, à Bakersfield, c’est le renard nain qui est décimé par une épidémie de gale. Pour la plus grande tristesse des habitants, qui estiment que l’animal était là avant l’homme et doit, à ce titre, être protégé, qu’il soit ours, raton, chien de prairie. Leur conviction se renforce au fil des épisodes : les villes de demain seront le dernier sanctuaire de la faune sauvage ou ne seront pas.
Quand les animaux sauvages emménagent en ville | Documentaire | ARTE
Durée : 00:51
« Quand les animaux sauvages emménagent en ville », de Guy Beauché et Sébastien Lafont (Fr., 2018, 3 x 43 min), « La Grande Forêt de l’Est », le 6 mai à 19 heures et en replay sur Arte.tv jusqu’au 4 juillet. « Les Grandes Plaines », le 7 mai à 19 heures et en replay jusqu’au 5 juillet. « La Côte ouest », le 8 mai à 19 heures et en replay jusqu’au 6 juillet. www.arte.tv/fr/videos/069813-001-A/quand-les-animaux-sauvages-emmenagent-en-ville