Dmitri Medvedev, premier ministre russe, et Edouard Philippe, premier ministre, au Havre (Seine-Maritime), le 24 juin. / LOIC VENANCE / AFP

Lundi 24 juin, le drapeau russe flotte sur la mairie du Havre. Dmitri Medvedev est en ville. Le premier ministre de la Fédération de Russie est l’invité d’honneur de son homologue français Edouard Philippe. Le locataire de Matignon a été chargé par Emmanuel Macron d’une mission d’envergure, de son propre aveu : « Ouvrir un nouvel espace de dialogue » entre la France et la Russie.

Il n’y a plus eu de rencontre au sommet entre Paris et Moscou depuis la réception du président Vladimir Poutine par M. Macron à Versailles, le 29 mai 2017. Et les Russes sont exclus du G8, devenu G7, depuis l’annexion de la Crimée en 2014.

C’est la première fois qu’Edouard Philippe reçoit de la sorte un dirigeant étranger le temps d’une journée. Certes, il a pu se faire la main en matière diplomatique depuis deux ans grâce à quelques déplacements officiels, en Chine, au Vietnam ou au Qatar. Mais les affaires étrangères restent traditionnellement le parent pauvre de Matignon.

Sans doute peut-on voir dans l’événement un peu de la magie de l’acte II du quinquennat, à l’occasion duquel le président de la République a promis de déléguer plus de tâches à son premier ministre. « Ce qui n’est pas normal, c’est de ne pas avoir ce type de contacts », souligne plutôt un conseiller de M. Philippe, comme pour en atténuer la portée.

Ville jumelée avec Saint-Pétersbourg

L’ancien maire du Havre s’efforce d’ajouter à l’exercice sa « petite touche personnelle », comme dit son entourage, en recevant son homologue dans « sa » ville. Chance, la cité portuaire est jumelée avec Saint-Pétersbourg, la ville natale de M. Medvedev. Les deux hommes déambulent dans les rues, tout sourire et en bras de chemise, visitent la bibliothèque Oscar-Niemeyer, se pressent à une exposition du Havrais Raoul Dufy, puis dînent en privé dans un restaurant…

Dmitri Medvedev, premier ministre russe, et Edouard Philippe, premier ministre, au Havre (Seine-Maritime), le 24 juin. / LOIC VENANCE / AFP

Lors d’une conférence de presse organisée à l’hôtel de ville, l’accent a été mis sur la coopération économique des deux pays. « La France est le premier employeur étranger en Russie », rappelle M. Philippe.

Que pense-t-il des ingérences russes dans les élections européennes rapportées par la Commission européenne, ainsi que du rôle des médias pro-Kremlin RT et Sputnik, qualifiés en 2017 par M. Macron devant Vladimir Poutine d’« organes de propagande » ?  « Tous les journalistes peuvent bénéficier de la liberté de la presse, estime M. Philippe. Nous serons intransigeants avec toute tentative qui viendrait à perturber de l’extérieur des processus démocratiques, qu’ils soient nationaux ou européens. » Diplomate.