« Made in China » : un message louable ne suffit pas à faire un film
« Made in China » : un message louable ne suffit pas à faire un film
Par Véronique Cauhapé
Co-écrite par Frédéric Chau, la comédie réalisée par Julien Abraham échoue à mettre à bas les clichés véhiculés sur les émigrés asiatiques en France.
Las des moqueries et des discriminations dont il a fait l’objet, fatigué des sketchs caricaturant les Asiatiques, craignant d’être utilisé comme tel au cinéma, l’acteur Frédéric Chau a souhaité prendre les choses en mains. Et éclaircir ce qu’il avait sur le cœur dans un film, réalisé par Julien Abraham, dont il a co-écrit le scénario avec Kamel Guemra. Made in China emprunte donc à son histoire personnelle – il est né au Vietnam de parents chinois émigrés en France – pour aborder les affres de la crise identitaire.
Dans le film, c’est un événement important de la vie de son personnage, François (qu’interprète lui-même Frédéric Chau), qui déclenche le questionnement de ses origines. Quand il apprend en effet que sa compagne, Sophie (Julie de Bona) attend un enfant, le trentenaire éprouve le besoin de renouer avec sa famille, et en particulier avec son père qu’il n’a pas vu depuis dix ans. La cause de cette séparation étant que le fils avait alors choisi d’être photographe alors que son paternel voulait qu’il devienne ingénieur.
Flanqué de son meilleur ami, Bruno (Medi Sadoun), François entreprend donc son retour dans le XIIIe arrondissement de Paris, en quête d’une réconciliation qui l’oblige à renouer avec des origines auxquelles il pense être totalement étranger. Les clichés – les Chinois ont tous un accent à couper au couteau, mangent du chien, et ne vivent qu’entre eux – sont évoqués par l’intermédiaire du personnage de Bruno, bon mec gaffeur que les idées préconçues n’ont pas épargné, sur fond de repas de famille, mariage traditionnel, réunion karaoké, nouvel an chinois.
Des dialogues attendus
En une série de séquences toutes très esquissée qui alternent, sans prêter attention à aucun d’entre-eux, moments d’émotion et de comédie, un tableau se dessine aux contours incertains et flottants. A l’image des drones qui survolent et rasent les tours du Chinatown parisien, le film navigue à vue, tenant à peine la barre d’un récit qui, lui-même, ne sait pas bien quelle direction prendre.
Made in China partage les défauts inhérents à toutes les mauvaises comédies françaises. Dialogues attendus et explicatifs, mise en scène approximative, personnages survolés (principalement les seconds rôles, au potentiel pourtant prometteur) contribuent à l’inconsistance du film dont on se demande bien ce qu’il défend. Si ce n’est que les Asiatiques ne sont pas ce que l’on imagine. Dans Made in China, les jeunes n’ont pas d’accent et ne sont pas tous informaticiens. Ils sont nés en France, sont et se sentent français. Le message est louable et nécessaire. Il ne suffit pas à réussir un film.
Made In China - avec Frédéric Chau - Bande-annonce
Durée : 01:53
Film français de Julien Abraham. Avec Frédéric Chau, Medi Sadoun, Julie de Bonna (1 h 28). Sur le web : www.facebook.com/MadeInChina.lefilm/