Ricardo Marquez, le directeur de la police nationale des Philippines, le 26 avril. | Bullit Marquez / AP

Le Canadien John Ridsdel, enlevé en septembre aux Philippines, a été exécuté par ses ravisseurs, le groupe Abou Sayyaf, a annoncé lundi 25 avril le premier ministre Justin Trudeau. La tête de la victime a été retrouvée lundi devant une mairie de Jolo, île montagneuse de l’extrême sud des Philippines, et place forte du groupe islamiste.

  • Une demande de rançon de 5,7 millions d’euros

« La responsabilité de ce meurtre commis de sang-froid revient entièrement au groupe terroriste qui a pris la victime en otage », a affirmé le M. Trudeau lors d’une déclaration télévisée. Ridsdel avait été enlevé de nuit à bord d’un yacht dans la marina d’un complexe hôtelier, le 21 septembre 2015, en compagnie d’un autre Canadien, Robert Hall. La compagne de ce dernier, la Philippine Marites Flor, et le gérant du complexe hôtelier, le Norvégien Kjartan Sekkingstad, avaient également été kidnappés.

En mars, les trois Occidentaux étaient apparus très amaigris dans une vidéo diffusée par le groupe djihadiste. Ridsdel y expliquait qu’il serait tué le 25 avril si une rançon de 6,4 millions de dollars (5,7 millions d’euros) n’était pas versée.

Alors que l’incertitude plane désormais sur le sort des trois autres otages, M. Trudeau a averti que son gouvernement « ne communiquera aucune information pouvant compromettre les efforts en cours » pour libérer le Canadien toujours détenu par Abou Sayyaf. Dans l’archipel, les forces de sécurité ont annoncé la mise en place de barrages à Jolo.

  • Crainte pour les vingt autres otages du groupe islamiste

Cette exécution ravive les craintes des autorités philippines concernant la vingtaine d’otages détenus dans l’archipel par le groupe, dont dix-huit matelots indonésiens et malaisiens enlevés ces dernières semaines près du sud de l’archipel. Le groupe islamiste détiendrait également un ornithologue néerlandais enlevé en 2012, et il a récemment libéré un prêtre italien retraité.

Dans un communiqué, l’armée et la police mettent en garde les djihadistes :

« Il n’y aura aucun relâchement des efforts déterminés de la force spéciale conjointe pour mener ses opérations intensives, militaires et de maintien de l’ordre, afin de neutraliser ces éléments criminels. »

Les forces de sécurité philippines ont plusieurs fois lancé de telles mises en garde, souvent restées lettres mortes.

  • Un groupe qui a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique

Créé dans les années 1990 avec le soutien financier d’Oussama Ben Laden, Abou Sayyaf a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique en juillet 2014. Le groupe s’est fait connaître au début des années 2000 en enlevant contre rançon des dizaines de touristes étrangers. Il est également accusé d’avoir organisé les pires attentats terroristes jamais perpétrés dans l’archipel, en particulier celui contre un ferry en 2004, qui avait fait plus de cent morts.

Ce groupe, classé terroriste par le Canada et les Etats-Unis, ne compterait que quelques centaines de combattants mais il prospère dans des régions reculées du Sud où la loi ne s’applique pas et où une rébellion musulmane lutte depuis des dizaines d’années.

Face à la menace de ces extrémistes, les Etats-Unis ont déployé entre 2002 et 2014 des forces spéciales afin de former et aider les troupes philippines les combattant, ce qui a entraîné l’arrestation ou l’exécution de plusieurs dirigeants d’Abou Sayyaf. Mais le groupe a depuis refait surface et est redevenu une menace importante pour l’archipel.