Jérôme Kerviel a été condamné une première fois en 2010 à cinq ans de prison dont trois fermes, puis à nouveau en appel en 2012, une peine confirmée par la Cour de cassation en 2014. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

La justice a décidé de reporter sa décision concernant la tenue d’un nouveau procès de Jérôme Kerviel, ont annoncé, lundi 21 mars, les avocats de l’ex-trader et de Société générale, criant chacun victoire. L’ancien trader, condamné deux fois pour avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société générale, réclame la révision de son procès.

Pour Me David Koubbi, avocat de Jérôme Kerviel, ce sursis à statuer décidé par la commission d’instruction de la Cour de révision et de réexamen montre que la démarche en vue d’un nouveau procès est « fondée », tandis que pour Me Jean Veil, avocat de son ancien employeur, il ne fait « aucun doute » que la demande de l’ex-trader sera finalement rejetée.

Manipulation de l’enquête ?

Ce report de la décision de justice ouvre un nouvel épisode dans un feuilleton qui a débuté il y a huit ans, au moment de la découverte de pertes spectaculaires attribuées à Jérôme Kerviel, et n’a cessé, depuis, de connaître des rebondissements.

Selon la défense de l’ex-opérateur de marché, l’un de ces rebondissements — le témoignage d’une ex-enquêtrice de la brigade financière — constitue un « fait nouveau » et justifie la tenue d’un nouveau procès. La policière en question, Nathalie le Roy, affirme que la banque a manipulé l’enquête.

Trois ans de prison ferme

Tout le débat porte sur la responsabilité de la Société générale et des supérieurs de Jérôme Kerviel, qui, selon ses avocats, avaient connaissance de ses agissements et les ont couverts avant de le présenter comme un coupable idéal.

L’avocat de la Société générale, Jean Veil, considère à l’inverse qu’il n’y a là aucune raison de juger une nouvelle fois Jérôme Kerviel et que les deux procès ont déjà fait la lumière sur cette affaire.

L’ex-trader a été condamné une première fois en 2010 à cinq ans de prison, dont trois ferme, puis à nouveau en appel en 2012, une peine confirmée par la Cour de cassation en 2014. Le dossier ne se résume pas à ce seul volet : la cour d’appel de Versailles le jugera au civil, à la mi-juin, pour sa responsabilité dans la perte des 4,9 milliards d’euros.