L’Autriche a commencé, mardi 12 avril, à préparer le terrain pour la construction d’une clôture destinée à barrer la route aux migrants au col du Brenner, un des principaux points de passage avec l’Italie, suscitant une levée de boucliers dans la Péninsule. La société autoroutière « Asfinag a commencé les travaux de pose des fondations d’un auvent » susceptible d’abriter des opérations de contrôle, a annoncé un porte-parole de la police de la province autrichienne du Tyrol, Stefan Eder. La date du début des travaux de la clôture proprement dite n’est toujours « pas fixée », a-t-il rappelé.

Lundi soir, le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes italien, Sandro Gozi, a qualifié de « grave erreur » le projet autrichien de construction d’une clôture au Brenner. « Ce n’est pas en érigeant des murs à l’improviste que les problèmes vont se résoudre », a-t-il estimé, appelant Vienne à « reconsidérer cette décision qui va à l’encontre de l’esprit et des termes des accords européens ».

Le gouvernement autrichien souhaite construire d’ici à juin des dispositifs de filtrage des migrants à ses frontières italienne et hongroise, à l’image de celui mis en place cet hiver à sa frontière slovène. Après la fermeture de la route des Balkans, Vienne craint un nouveau flux arrivant en Italie par la Méditerranée. Au cours d’une visite à Rome le 8 avril, la ministre de l’intérieur autrichienne sortante, Johanna Mikl-Leitner, avait assuré que son pays ferait « tout pour éviter une fermeture du Brenner », cependant inéluctable si l’Italie ne procédait pas à un
contrôle « sans faille » des migrants.

« Le risque que l’Europe meure »

La perspective d’une clôture et de contrôles systématiques au Brenner est également considérée avec inquiétude par l’Allemagne, ce col représentant un point de passage névralgique pour le transit nord-sud à travers les Alpes. Le projet de clôture est aussi dénoncé par les autorités locales de part et d’autre de la frontière, dans cette région jadis réunie au sein du Tyrol et dont une partie, le Haut-Adige, a été rattachée à l’Italie après la première guerre mondiale.

Cette barrière, « c’est le risque que l’Europe meure. Le Brenner est le symbole de l’unification européenne (…). Si on dénature ce symbole, si l’on revient à l’idée de petits Etats sans importance, tout changera », s’est inquiété mardi, dans le quotidien La Repubblica, Arno Kompatscher, président du Haut-Adige, une province trilingue. Il a dénoncé « une stratégie de communication » de l’Autriche, en pleine campagne présidentielle, qui selon lui « se met dans le même bateau que la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et la Hongrie ».

Formellement, l’Autriche doit obtenir une autorisation exceptionnelle de la Commission européenne pour prolonger les contrôles à ses frontières au-delà du 12 mai, date d’expiration du délai initial de huit mois autorisé au sein de l’UE.