« Plus de 150 » combattants islamistes Chabab ont été tués, samedi, au cours de raids aériens de l’armée américaine, a annoncé lundi 7 mars le Pentagone. Selon le ministère de la défense, ces derniers préparaient une attaque depuis un camp situé à quelque 200 kilomètres au nord de Mogadiscio, la capitale somalienne.

Dans le cadre de leur lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis mènent régulièrement des opérations dans ce pays contre les milices de cette organisation, liées à Al-Qaïda. Toutefois, il s’agit de la mission la plus importante menée par Washington, à en croire les données compilées par la Fondation New America, un cercle de réflexion américain : le bilan dépasse à lui seul le nombre total des islamistes tués par l’armée américaine en Somalie, depuis 2003 − nombre estimé entre 113 et 136.

« Autodéfense »

« Les combattants [Chabab] s’entraînaient […]. Ils étaient sur le point de quitter le camp et représentaient une menace imminente pour les Etats-Unis et les forces [de l’Union africaine] », a justifié un porte-parole du Pentagone, Jeff Davis. Selon un responsable de la défense, les Etats-Unis comptent en ce moment une cinquantaine de soldats en Somalie. Ces derniers assurent des missions de conseil et d’assistance.

Les Chabab, insurgés affiliés à la nébuleuse Al-Qaida, ont multiplié les attaques de grande ampleur depuis le début de l’année en Somalie. Les combattants visés par Washington se préparaient à conduire des « opérations offensives », a ajouté M. Davis, sans en préciser la nature. Le camp d’entraînement, où ils se trouvaient, était surveillé depuis un certain temps. « On avait le sentiment que la phase opérationnelle était sur le point d’être mise en œuvre », a poursuivi M. Davis.

Le responsable de la presse au Pentagone, Peter Cook, a précisé de son côté que les bombardements avaient été menés en « autodéfense », mais sans donner de détails sur le type de menace posée par les miliciens.

Bilan des frappes

Après avoir été chassés de Mogadiscio en août 2011, les Chabab avaient connu un recul, perdant l’essentiel de leurs bastions, même s’ils conservaient le contrôle de vastes zones rurales. La capitale somalienne jouissait d’un calme relatif et commençait à émerger du chaos. Mais, selon des experts de ces derniers mois, les islamistes ont montré leur capacité de résilience et d’adaptation, en profitant de l’apathie de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) et de la fragilité du gouvernement central.

En janvier, ils ont attaqué un camp du contingent kényan de l’Amisom à El-Adde, dans le sud somalien, et revendiqué la mort de plus de 100 soldats. Le vendredi 26 février, ils ont tué au moins 14 personnes en faisant exploser deux véhicules piégés devant un hôtel et un jardin public de Mogadiscio. Moins de quarante-huit heures plus tard, une voiture piégée explosait devant un restaurant populaire de Baidoa, dans le sud-ouest, avant qu’un kamikaze se fasse exploser. Au moins 30 personnes ont péri.

L’administration Obama a annoncé lundi qu’elle publierait dans quelques semaines un bilan des frappes antiterroristes qu’elle a menées à travers le monde depuis l’entrée en fonction du président en 2009, mentionnant le nombre d’extrémistes tués, et le nombre de victimes civiles.

Ces bombardements, menés souvent par des drones, dans des pays comme la Somalie, le Pakistan ou le Yémen, où les Etats-Unis ne sont pas officiellement en guerre, ont été très critiqués par les organisations de défense des droits de l’homme pour leur opacité. Le gouvernement américain a promis plus de transparence sur le sujet, sans grand succès jusqu’à présent.

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