Les manifestations de jeudi contre le projet de loi travail, qui ont réuni entre 170 000 (selon les forces de l’ordre) et 500 000 (selon la CGT) manifestants, ont donné lieu à 214 interpellations et blessé 78 policiers sur l’ensemble du territoire a annoncé, vendredi 29 avril, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Les affrontements qui ont perturbé les manifestations ont fait deux blessés graves : un policier atteint à la tête à Paris, et un étudiant touché à l’œil à Rennes – dont l’IGPN a été saisie du cas.

Dans un discours prononcé devant plusieurs dizaines de membres des forces de l’ordre à Strasbourg, le ministre de l’intérieur a dénoncé la présence dans les manifestations de « casseurs extrémistes qui ont pour seule motivation la haine de l’Etat et de ce fait, des valeurs de la République. » Il a ainsi appelé les syndicats à condamner les débordements qui ont émaillé les manifestations.

Début du débat parlementaire sur la loi travail le 3 mai

En images : la journée de mobilisation marquée par des affrontements

« Ces violences, nous les avons toujours condamnées », lui a répondu Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, sur LCP, faisant valoir qu’elles éclataient « en dehors des manifs, à côté des manifs ». Le président de l’UNEF, William Martinet, a lui aussi condamné les casseurs, mais il a également dénoncé un « usage disproportionné de la force par la police » et « exigé » l’arrêt de l’utilisation des flashballs.


La CGT dénonce, elle, dans un communiqué, « la répression que subissent les militants syndicaux, ainsi que toute personne exerçant son droit de s’organiser et de manifester ». La centrale cite l’exemple de « deux militants cheminots » arrêtés lors de la manifestation de Paris jeudi et « toujours en garde à vue », ainsi que le cas « à Saint-Denis, [de] deux syndicalistes [qui] ont été placés en garde à vue, accusés d’avoir commis des violences contre les forces de l’ordre » et cités à comparaître vendredi. Pour elle, « ces arrestations sont injustifiées et les accusations formulées mensongères ».

De son côté, la droite accuse le gouvernement de faire preuve de « mansuétude » à l’égard notamment de Nuit debout. Pour le vice-président du conseil régional d’Ile de France, Frédéric Péchenard, proche de Nicolas Sarkozy, « ça fait un mois que ça dure. Franchement, c’est beaucoup. Beaucoup trop. » Le député Les Républicains des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a également demandé à l’exécutif « l’interdiction des manifestations, l’interdiction de Nuit debout ».

Mais la protestation va se poursuivre ces prochains jours. Le rassemblement de jeudi apparaissait comme un test pour mesurer la détermination des opposants au projet de loi El Khomri. Elle sera suivie d’un 1er Mai également focalisé sur ce texte, avant une nouvelle journée d’action prévue le 3 mai, date du début du débat parlementaire, qui durera plusieurs semaines.

Images des incidents à la manifestation parisienne contre la loi travail
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