« Mon fils »: Le grand écart identitaire
« Mon fils »: Le grand écart identitaire
Par Franck Nouchi (Médiateur du Monde)
A travers les déchirements d’un jeune lycéen, Eran Riklis aborde une nouvelle fois le conflit au Proche-Orient (vendredi 15 avril à 20 h 50 sur Canal+ Cinéma).
MON FILS Bande Annonce (2015)
Durée : 01:43
A travers les déchirements d’un jeune lycéen, Eran Riklis aborde une nouvelle fois le conflit au Proche-Orient.
Mon fils débute en 1982, au moment de la guerre du Liban. A la télé, des manifestants crient « Begin, Sharon, stop the war ! » « Que Dieu protège Arafat ! », clame Salah, le père d’un garçon prénommé Iyad. Comme 20 % des Israéliens, Iyad et sa famille sont arabes. Des Arabes israéliens vivant dans une ville arabe israélienne. A l’école où se rend Iyad, on chante l’hymne israélien. Mais quand on lui demande la profession de son père, au lieu de répondre « cueilleur de fruits », il répond fièrement : « Terroriste ! »
Ne pas croire qu’Iyad est un illuminé. Très bon élève, on lui propose d’intégrer le lycée israélien de sciences et techniques. Le jour de la rentrée, accueilli par la directrice du lycée, Iyad se rend très vite compte qu’il est le seul élève arabe. Bien que parlant couramment hébreu, son intégration sera d’autant plus difficile qu’il est affublé d’un léger trouble de l’élocution.
Lyad (Tawfeek Barhom), très bon élève, se voit proposer d’intégrer un lycée israélien de sciences et techniques. Le jour de la rentrée, accueilli par la directrice du lycée, il se rend très vite compte qu’il est le seul élève arabe. | MACT Productions
Moqué, ostracisé par une partie de ses camarades, Iyad trouve deux âmes sœurs : la belle Naomi, dont il va tomber amoureux, et Yonathan, un garçon atteint d’une grave maladie dégénérative.
Histoires d’amour entremêlées
Arabe et Israélien ; Arabe israélien ; Israélien, tout simplement : la vie d’Iyad relève du grand écart identitaire. Même s’il voulait à toute force s’intégrer dans la société israélienne, il y aura toujours quelqu’un comme la mère de Naomi pour préférer avoir une fille lesbienne ou atteinte d’un cancer plutôt qu’amoureuse d’un Arabe.
Lorsque Edna, la mère de Yonathan, rencontre Iyad, ses préoccupations sont tout autres. Arabe ou juif, peu importe. Cette avocate séfarade d’origine marocaine comprend que non seulement Iyad lui donne force et courage, mais qu’en plus il est en passe de devenir le « deuxième fils » de la maison.
Mon fils est une suite d’histoires d’amour à ce point entremêlées qu’elles en deviennent inextricables. Comment peut-on être à la fois arabe et israélien ? Rêver de « libération » tout en n’aspirant qu’au bonheur ?
C’est la force du cinéma de Riklis de donner à voir et à ressentir cette absurdité. Deux peuples pour une même terre, un même Etat. Ni manichéisme ni caricature : ancré au plus profond de la société israélienne, Mon fils est un beau film, remarquablement interprété.
Mon fils, d’Eran Riklis. Avec Yaël Abecassis, Tawfeek Barhom, Michael Moshonov (Israël, 2014, 105 min). Le vendredi 15 avril à 20 h 50 sur Canal+ Cinéma.