Primaires américaines : Sanders joue sa dernière carte à New York, Trump espère un rebond
Primaires américaines : Sanders joue sa dernière carte à New York, Trump espère un rebond
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Pour la primaire de l’Etat de New York, Bernie Sanders ne peut compter sur le vote des électeurs indépendants. Donald Trump s’inquiète de ne pas atteindre la majorité absolue de 1 237 délégués qui lui assurerait l’investiture du parti.
Le candidat Bernie Sanders, I-Vt durant un discours au Hunters Point Park, dans le Queens à New York le 18 avril 2016. | LUCAS JACKSON / REUTERS
Bernie Sanders joue probablement la dernière carte de ses ambitions présidentielles lors de la primaire démocrate de l’Etat de New York, mardi 19 avril. Deux cent quatre-vingt-onze délégués démocrates (dont 44 super-délégués) seront attribués à New York lors de cette primaire fermée (ce détail a son importance).
Et qu’importe sa cote de popularité – la meilleure de tous les candidats selon un sondage The Economist/YouGou [question 6 page 11] – dans tous les blocs d’électeurs : les primaires se déroulent Etat après Etat. Idem pour l’élection de novembre.
Une moyenne des derniers sondages donne à Hillary Clinton, l’ancienne sénatrice de New York, 12,5 points d’avance sur Bernie Sanders, à 53,5 % des intentions de vote contre 41 % dans l’Etat de New York, selon RealclearPolitics.
Désespérant pour le camp Sanders et les commentateurs de la course, FiveThirtyEight, le site d’analyse de sondages de Nate Silver, estime qu’elle a 98 % de chance de remporter la primaire. Le site explique que Hillary Clinton remporte des victoires dans les primaires et les caucus là où la démographie mime celle du Parti démocrate. L’Etat de New York entre dans cette catégorie.
Les « libéraux blancs » qui résident dans l’Upper West Side, Chelsea et une partie de Brooklyn sont acquis à Hillary Clinton, prédit le New York Times. Le centre de Brooklyn et le sud du Queens où réside l’électorat afro-américain devraient aussi soutenir l’ancienne secrétaire d’Etat. En 2008, face à Barack Obama, elle avait remporté la majorité des comtés ailleurs dans l’Etat, une performance qui devrait se reproduire. Bernie Sanders devrait quant à lui emporter quelques votes à Williamsburg, Greenpoint et Bushwick, dans Brooklyn.
Signe qu’elle ne crie pas encore victoire, Mme Clinton a enchaîné les rencontres à Harlem, dans le Bronx, le Queens, à Brooklyn et Manhattan. Elle a aussi fait campagne par procuration : Bill Clinton, dont la popularité reste forte, était dans le Bronx auprès de l’électorat portoricain.
Les indépendants ne participent pas à la primaire
Bernie Sanders est de son côté en train de mesurer le caractère implacable des règles de la primaire démocrate. « Pour nous, la course est dure » a-t-il avoué, dimanche, à ses partisans, rassemblés à Washington Square Park. « A New York, le système électoral ne permet pas aux électeurs indépendants de participer à la primaire démocrate », a-t-il regretté. Pour participer à la primaire démocrate, il fallait s’inscrire avant octobre. De là à reprendre l’argument de Donald Trump sur l’iniquité des règles du parti, il n’y a qu’un pas.
“It’s all a lie." Bernie Sanders supporters in Brooklyn say polls that show Hillary leading are rigged https://t.co/TV2m3DAA0c
— thedailybeast (@The Daily Beast)
Le miracle Sanders qui s’est bâti dans les primaires ouvertes, comme celle du Michigan, dans lesquelles les électeurs indépendants pouvaient voter risque de faire long feu. Et s’il perd à New York, deuxième Etat le plus important en nombre de délégués derrière la Californie, son retard semble irrattrapable.
Une victoire de Mme Clinton l’assurerait à l’inverse de pouvoir voguer tranquillement vers l’investiture de son parti lors de la convention de juillet. Elle a déjà engrangé quelque 1 700 délégués, il lui en faut 2 383 pour obtenir la nomination. Bernie Sanders reste loin derrière, avec environ 1 100 délégués.
Equation simple chez les républicains
Chez les républicains, Donald Trump semble assuré de gagner la primaire, où 95 délégués sont en jeu. Une moyenne des derniers sondages lui donne 29,7 points d’avance, à 52,6 % des intentions de vote, contre 22,9 % au gouverneur de l’Ohio John Kasich et 17,9 % au sénateur texan Ted Cruz, auquel les New-Yorkais n’ont pas pardonné qu’il ait dénigré leurs « valeurs ».
FiveThirtyEight donne à Donald Trump 99 % de chances de remporter la primaire. Le site estime qu’il devrait remporter entre 83 et 85 délégués alors qu’il devrait en remporter 91 ou plus s’il voulait décrocher l’investiture républicaine sans passer par une convention négociée.
Depuis sa défaite cinglante dans le Wisconsin, le 5 avril, Etat emporté par Ted Cruz qui a encore samedi raflé 23 des 24 délégués du Wyoming, Donald Trump, en tête de la course aux primaires républicaines, s’inquiète de ne pas atteindre la majorité absolue de 1 237 délégués qui lui assurerait l’investiture du parti.
Lors d’une conférence de presse organisée dimanche à Staten Island, Trump a d’ailleurs réaffirmé que le système d’attribution des délégués était malhonnête. « Ces gens sont tout simplement achetés », a-t-il dit des délégués nommés lors des conventions, un système complexe en vigueur dans certains Etats en lieu et place des traditionnels scrutins directs.
Rêvant d’en découdre avec Hillary Clinton en novembre, il vient de lui attribuer un nouveau surnom, « Hillary la corrompue ». Elle a répondu, au micro d’une radio new-yorkaise, qu’il méritait de se voir décerner « le bonnet d’âne de la décennie ». Bernie Sanders et elle-même et ont déjà hérité de ce titre peu glorieux.