Quatrième journée de mobilisation contre le projet de loi travail
Quatrième journée de mobilisation contre le projet de loi travail
Le Monde.fr avec AFP
Sept syndicats appellent à manifester, jeudi 28 avril, pour le retrait d’une réforme qu’ils jugent trop favorable aux employeurs.
Manifestation contre la loi travail, le 31 mars à Lyon. | JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Pour la quatrième fois en moins de deux mois, salariés, étudiants et lycéens sont appelés à descendre dans la rue, jeudi 28 avril, contre le projet de loi de la ministre du travail, Myriam El Khomri. L’appel a été lancé par sept syndicats – CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL – avec un seul mot d’ordre : le retrait d’une réforme qu’ils jugent trop favorable aux employeurs, et facteur de précarité pour les salariés, notamment les jeunes.
Trois grandes journées de mobilisation contre la loi travail ont déjà eu lieu : le 9 mars, le 31 mars et le 9 avril. L’objectif est de faire pression sur le gouvernement avant le 3 mai, date du début du débat parlementaire qui va durer plusieurs semaines.
L’essence de la loi travail remise en cause
Le projet de loi a pour but de donner plus de souplesse aux entreprises, notamment en matière d’aménagement du temps de travail, et de clarifier les règles de licenciement économique. Mais face au tollé suscité par la première version du texte, le gouvernement en a retiré à la mi-mars les mesures les plus contestées, comme le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif.
Puis, début avril, les députés ont aussi modifié en commission plusieurs dispositions dans un sens plus favorable aux salariés, notamment en confirmant le droit pour tout salarié à onze heures consécutives de repos quotidien.
Malgré ces modifications, les syndicats qui appellent à la mobilisation estiment que ce texte n’est pas amendable puisque c’est sa philosophie même qui est en cause, à savoir « l’inversion de la hiérarchie des normes » permettant à un accord d’entreprise de primer sur un accord de branche, même s’il est moins favorable.
La CGT envisage une grève reconductible
« C’est la ligne rouge, il faut que le gouvernement bouge là-dessus », a souligné mercredi Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière. « Le fondement de ce projet, c’est le fait qu’un code du travail va s’appliquer dans chaque entreprise, il n’y aura plus de règles collectives », a insisté pour sa part Philippe Martinez, numéro un de la CGT. Le leader cégétiste, tout juste réélu à la tête de la centrale, avait déjà durci le ton la semaine dernière, ouvrant la porte à une « grève reconductible » à partir de jeudi.
En revanche, les syndicats dits « réformistes » (CFDT, CFE-CGC et CFTC) sont prêts à négocier et entendent peser sur les débats parlementaires pour continuer à infléchir certains points du texte, dont deux principaux restent à discuter :
- la modification des règles du licenciement économique. Les discussions autour de l’article 30 pourraient être houleuses : en l’état, le texte prévoit que les difficultés d’une entreprise rattachée à un groupe international seront jugées sans tenir compte de la santé des autres filiales du groupe, ce qui inquiète à gauche. Le socialiste Christophe Sirugue, rapporteur du texte, a fait savoir qu’il voulait revenir sur ce passage du projet de loi ;
- un régime spécial pour les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME). Le texte prévoit actuellement qu’en matière de licenciement économique, les difficultés de toute entreprise s’apprécient sur quatre trimestres. Trop long, selon M. Sirugue, qui estime qu’une très petite entreprise risque de faire faillite avant ce délai et plaide pour un raccourcissement de cette durée. Mais une telle mesure pourrait poser des problèmes juridiques.
Vers une « convergence des luttes » ?
Depuis le 31 mars, la contestation anti-loi travail s’est élargie avec le mouvement Nuit debout, qui continue d’occuper la place de la République, à Paris, et mobilise dans d’autres villes à travers la France sur le thème de la « convergence des luttes ». A cela est venue se greffer la colère des intermittents du spectacle, qui menacent de perturber les représentations du théâtre de l’Odéon à Paris et les prochains festivals pour défendre leur régime spécifique d’assurance-chômage, mais aussi pour s’opposer à la loi travail.
Après la journée de jeudi, le prochain rendez-vous de mobilisation est prévu trois jours plus tard, le 1er mai, lors du traditionnel défilé célébrant la fête du travail.