Outre son enseignement à l’université, Rezaul Karim Siddique menait nombre d’activités culturelles. | MD. ABDULLAH IQBAL / AFP

Un professeur d’université a été frappé à mort samedi 23 mars dans le nord-ouest du Bangladesh. Si l’identité de ses agresseurs demeure inconnue, son assassinat rappelle aux autorités bangladaises ceux de plusieurs militants laïques et athées par des extrémistes islamistes.

Professeur d’anglais de 58 ans, Rezaul Karim Siddique a été attaqué par derrière à la machette en se rendant à l’arrêt de bus depuis son domicile dans la ville de Rajshahi, dans le nord-ouest du pays, où il enseignait à l’université publique, a précisé un responsable de la police locale. Outre son enseignement à l’université, il menait nombre d’activités culturelles, a précisé un de ses colllègues à l’Agence France Presse : il écrivait des poèmes et des nouvelles, et éditait une revue littéraire, mais jamais « il n’écrivait ni ne parlait en public contre la religion ». Selon la police locale, M. Siddique s’intéressait aussi à la musique et avait ouvert une école de musique à Bagmara, un ancien bastion d’un groupe islamiste interdit, le Jamayetul Mujahideen Bangladesh (JMB).

Craintes pour la liberté d’expression

Mi-avril, la police avait annoncé l’arrestation de deux membres d’un groupe islamiste armé interdit et soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat quelques jours plus tôt d’un militant laïque. Nazimuddin Samad, un étudiant en droit défenseur de la laïcité âgé de 26 ans, avait été abattu près de son université à Dacca par des inconnus armés de machettes. L’an passé, quatre blogueurs défenseurs de la laïcité et un éditeur avaient déjà été assassinés, très probablement par des islamistes. La police avait arrêté des membres présumés d’un groupe interdit, Ansarullah Bangla Team, mais aucun procès ne s’est encore tenu. En revanche, huit de ses militants ont été condamnés pour le meurtre, en 2013, d’un blogueur athée.

Les militants laïques accusent les islamistes d’avoir une liste noire des personnes à abattre et demandent au gouvernement de ce pays laïque de mieux protéger la liberté d’expression.

Un autre groupe, Ansar al-Islam, branche d’al-Qaïda au Bangladesh, avait revendiqué le meurtre de l’étudiant début avril, mais la police avait affirmé y voir la signature d’Ansarullah.
Les autorités du Bangladesh nient constamment que des groupes islamistes inspirés de l’étranger soient actifs dans le pays, mais les analystes estiment que la longue crise politique que connaît le pays a radicalisé l’opposition, et que les islamistes y sont un danger croissant.