Vous aimez Eugène Boudin, vous adorerez Trouville
Vous aimez Eugène Boudin, vous adorerez Trouville
Par Vicky Chahine
Face à la « reine des plages » et aux planches de Trouville, l’Hôtel Flaubert a gardé l’empreinte d’un autre temps. Sans cariole ni crinoline, faîtes le grand plongeon dans les eaux fraîches de la Manche.
Hôtel Flaubert à Trouville. | Edouard Caupeil
Sur la langue de sable, têtes couronnées et bourgeoisie du Second Empire profitent de leur bain de mer pour faire un bain de foule. Installées sur des chaises – le transat arrivera dans les années 1930 –, elles peaufinent leur carnet d’adresses et discutent mariages arrangés. Quand elles ont envie de se jeter à l’eau, les femmes se glissent dans une cabine mobile tirée par un cheval pour troquer leur crinoline contre un costume de bain ample en drap de laine. La carriole les dépose ensuite au bord de l’eau, où un guide-baigneur leur propose un « bain à la lame », un plongeon rapide (pour ne pas dire brusque).
"Plage à Trouville", d'Eugène Boudin (1864/1865) | Image courtesy National Gallery of Art
Où sommes-nous ? Dans une toile d’Eugène Boudin (1824-1898), Plage à Trouville (1865). Le peintre, auquel le Musée d’art moderne du Havre (MuMa) consacre une exposition du 16 avril au 26 septembre, fut l’un des meilleurs ambassadeurs de la Normandie. « Le roi des ciels », comme Camille Corot le surnommait, a montré dans ses peintures l’avènement du tourisme balnéaire sur la Côte fleurie. Dieppe, Honfleur, dont il est natif, mais surtout Trouville-sur-Mer. Ce village de pêcheurs devient en 1830 la deuxième station balnéaire française (après Dieppe), sacrée « reine des plages » en 1862, soit une année avant que ne soit inaugurée sa rivale, Deauville.
Sur la « reine des plages », nulle carriole pour les baigneurs aujourd’hui : ceux que ne refroidit pas la température de la Manche traversent à pied la vaste étendue de sable. Mais quelques lieux ont gardé l’empreinte de ce Trouville d’un autre temps. C’est le cas de l’Hôtel Flaubert, dont l’architecture normande à colombages classée fait face à la mer, et aux planches, décorées depuis 2001 par les affiches de Savignac. Cet autre amoureux de la ville a d’ailleurs signé l’image de l’hôtel : un Flaubert endormi sur une mouette, la plume au bec.
Hôtel Flaubert à Trouville. | Edouard Caupeil
A l’intérieur, une trentaine de chambres charmantes et confortables sont meublées (juste ce qu’il faut) comme une maison de campagne par la propriétaire, nièce de Fernand Moureaux, maire et mécène de la station balnéaire dans les années 1930. C’est lui qui a eu l’idée d’installer cet hôtel à la place du casino d’été, où avait lieu, tous les dimanches, un célèbre bal éclairé par 1 200 becs de gaz. Détruit en 1925, il a laissé place à l’Hôtel Flaubert, inauguré en 1936 – l’année des premiers congés payés, ce n’est sûrement pas un hasard.
La clientèle désormais fidèle apprécie la vue sur la mer, les vieilles affiches, le mobilier en bois et le petit déjeuner servi en chambre. Depuis certaines (les 35 et 43 notamment, en angle), on peut observer les marées sans sortir de son lit. Et même à quelques pas, le ballet des chalutiers – vingt-sept sont encore en activité – qui rapportent la pêche du jour. Comme si rien n’avait changé.
Chambre double à partir de 120 €, petit-déjeuner inclus. Hôtel Flaubert, rue Gustave-Flaubert, 14360 Trouville-sur-Mer. Tél. : 02 31 88 37 23
A voir : « Eugene Boudin, l’atelier de la lumière » au Musée d’art moderne André-Malraux du Havre, du 16 avril au 26 septembre. Muma-lehavre.fr
Office de tourisme de Trouville-sur-Mer : 32, quai Fernand-Moureaux. Tél. : 02 31 14 60 70. Trouvillesurmer.org