Est-ce un scénario tel qu’a connu l’Afrique du Sud en 2015 qui se dessine en Zambie ? Lusaka, la capitale du pays est en proie à une vague de violences xénophobes depuis lundi 18 avril. Deux personnes ont été brûlées vives lundi à Kanyama, un bidonville, lors d’émeutes visant des commerçants rwandais soupçonnés de crimes rituels.

Les deux hommes ont été tués avec des pneus enflammés, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. La police zambienne n’a pas pu préciser la nationalité des victimes mais elle a indiqué mercredi 20 avril que les violences ont également entraîné la destruction de 62 échoppes.

Selon l’Agence France Presse, les émeutes ont éclaté lundi dans plusieurs quartiers pauvres de Lusaka, après la découverte début avril de sept cadavres, amputés de plusieurs organes (oreilles, cœur, pénis…). Mardi, des centaines de personnes ont caillassé et pillé des maisons et des commerces soupçonnés d’appartenir à des Rwandais.

Plus de 6 000 réfugiés rwandais en Zambie

Selon les Nations unies, la Zambie abrite environ 6 400 réfugiés rwandais qui tiennent des épiceries dans des quartiers pauvres de Lusaka. Ceux-ci sont accusés par la population de commettre des crimes rituels dans le but de leur porter chance dans leurs affaires.

La police a déclaré avoir procédé à onze arrestations liées aux crimes rituels et à 256 interpellations liées aux émeutes. Lundi soir, le ministre zambien de l’intérieur, Davies Mwila, avait déjà dénoncé le comportement « de personnes animées d’intentions criminelles » qui « ont tiré profit de la peine et de la douleur que nous avons tous ressenties après ces crimes rituels supposés ».

Ces événements interviennent à quatre mois de l’élection présidentielle qui doit se tenir le 11 août. La Zambie est aux prises avec une grave crise économique due à la chute des cours du cuivre et à la dévaluation de sa monnaie, le kwacha.

Cette vague d’attaques xénophobes rappelle celle qu’a connue l’Afrique du Sud en avril 2015, où sept personnes avaient été tuées dans des violences qui avaient duré plusieurs semaines. Des habitants des quartiers pauvres de Johannesburg et de la banlieue est de Durban s’en étaient pris à des immigrés, qu’ils accusaient de prendre leurs emplois.