Afrique Football Club : Hakim Ziyech, un talent prometteur, Niasse dans la nasse
Afrique Football Club : Hakim Ziyech, un talent prometteur, Niasse dans la nasse
Par Alexis Billebault (chroniqueur Le Monde Afrique)
Dans sa chronique hebdomadaire, notre journaliste revient sur l’explosion de Hakim Ziyech et les démêlés judiciaires d’Oumar Niasse.
Ziyech, numéro 1 aux Pays-Bas
C‘est un gamin de Dronten, une petite ville des Pays-Bas, d’origine marocaine qui évolue au FC Twente Enschede, un club de la classe moyenne, qui a raflé le titre de meilleur joueur de la saison, devant les huiles du PSV Eindhoven ou de l’Ajax Amsterdam. Hakim Ziyech (23 ans), qu’une bonne dizaine de clubs européens – dont le FC Barcelone – surveillent de très près, a terminé l’exercice 2015-2016 avec 17 buts et 12 passes décisives à son actif. Même son entraîneur, René Hake, lui a conseillé d’aller respirer l’air du grand large et de quitter le cocon des Tukkers pour montrer au Vieux Continent toute l’étendue de son talent.
« Un départ pourrait le faire progresser. C‘est un très bon joueur, dont le style rappelle celui d’Angel Di Maria (PSG). Une bonne technique, une belle vision du jeu », résume Patrice Beaumelle, le sélectionneur adjoint du Maroc. Car Hakim Ziyech, appelé par les Pays-Bas en 2015 (il avait déclaré forfait pour cause de blessure), a opté pour son pays d’origine, une décision qui avait fait sortir de ses gonds le pourtant très placide Marco Van Basten.
Beaumelle l’a vraiment découvert en mars, lors des deux matchs des Lions de l’Atlas face au Cap Vert (1-0, 2-0) en qualifications pour la CAN 2017. « Il n’avait pas joué, et avec Hervé Renard, on l’avait trouvé timide. Je suis allé le voir aux Pays-Bas, et ce n’était plus le même », reprend Beaumelle.
Ziyech, s’il quitte Twente cet été comme cela en prend le chemin, devra aussi oublier son statut de star locale et mettre un peu plus d’entrain dans le travail défensif, dont il ne raffole pas. « Il n’aura pas le choix s’il va dans un grand club. Il a beaucoup de talent, mais il doit encore progresser. » Pour ne pas rester un éternel espoir…
Niasse, printemps pourri
On ne sait pas si Oumar Niasse dormait déjà. L’attaquant international sénégalais d’Everton a forcément été surpris quand la police s’est présentée à son domicile, dans la nuit de jeudi à vendredi. Et la nuit a été longue pour celui qui il y a quelques mois avait été élu meilleur joueur du championnat de Russie 2015 avec le Lokomotiv Moscou, incitant le club anglais à débourser 18 millions d’euros pour le faire venir en janvier sur les bords de la Mersey.
Emmené au commissariat central, longuement interrogé et finalement libéré sous caution, Niasse (26 ans) est aujourd’hui soupçonné d’agression. Contacté tard dimanche soir, Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), de retour de Mexico où il venait d’assister au Congrès de la FIFA, est tombé des nues en apprenant la nouvelle. « Je vais aller à la pêche aux informations », a commenté celui qui est également maire de Gorée.
Oumar Niasse, qui n’a pas joué dimanche lors de la victoire des Toffes face à Norwich City (3-0), fait désormais l’objet d’une enquête judiciaire, a très peu joué avec son nouveau club, pour lequel il n’a inscrit aucun but. Le natif de Ouakam, supposé rejoindre sa sélection nationale dans quelques jours à Amsterdam pour préparer au Rwanda un match qualificatif pour la CAN 2017 au Burundi le 4 juin, pourrait voir ses plans contrariés au cas où la justice anglaise l’oblige à rester sur le territoire britannique.
Un souci de plus pour la fédération sénégalaise, déjà confrontée à la volonté de son homologue burundaise de faire jouer le match de début juin dans le petit stade de Rumongé et non à Bujumbura, un choix contesté par FSF devant la Confédération africaine de football.
Hanni, du 9-4 au plat pays
En France, seuls ses potes de l’US Ivry, le club de sa ville de naissance, de l’AC Boulogne-Billancourt et les plus fins connaisseurs de l’histoire du FC Nantes, savent vraiment qui il est. Dans l’Hexagone, Sofiane Hanni (25 ans) est encore inconnu pour beaucoup, mais peut-être plus pour longtemps. Car on ne peut pas reprocher au milieu offensif franco-algérien de ne pas multiplier les initiatives pour faire parler de lui.
En quelques semaines, celui qui n’avait disputé que quatre petits bouts de matchs à Nantes avant un exil prometteur en division 2 turque (22 buts en trois saisons à Erceyispor puis Ankaraspor) a été appelé pour la première fois par l’Algérie en mars, désigné Lion belge (récompensant le meilleur joueur arabe de Ligue 1 belge), élu Soulier d’ébène 2015-2016 (récompensant le meilleur joueur africain du championnat de Belgique) et est en passe de signer avec Anderlecht, le meilleur club du pays.
Le buteur de Malines, un club flamand qui a connu son heure de gloire dans les années 1980 et où il évolue depuis juin 2014, n’a donc pas connu un parcours toujours linéaire. « Je peux vous dire que la Ligue 2 turque, ce n’est pas facile. Mais cet exil lui a permis de s’endurcir », assure l’entraîneur algérien Adel Amrouche, ancien sélectionneur du Burundi et du Kenya, installé en Belgique depuis plusieurs années.
« C’était un bon passeur, assure Adel Amrouche. Aujourd’hui, c’est aussi un bon finisseur. Hanni, c’est un vrai gaucher, un garçon calme et posé. S’il va à Anderlecht, cela lui permettra encore de progresser pour ensuite rejoindre un des meilleurs championnats européens. » Car Sofiane Hanni, après la Belgique, rêve d’un autre royaume, plus ensoleillé et au sud de l’Europe…