« Beyond the Mountains and Hills » : dans les plis du repli familial
« Beyond the Mountains and Hills » : dans les plis du repli familial
Par Mathieu Macheret
Le troisième long-métrage de l’Israélien Eran Kolirin prend un tour discutable au fur et à mesure que progresse le récit.
Cinq ans après The Exchange (2011), l’Israélien Eran Kolirin, dont le surréalisme « light » avait connu un certain succès avec La Visite de la fanfare (2007), revient avec un troisième long-métrage, Me’ever Laharim Vehagvaot (Beyond the Moutains and Hills), dont les développements narratifs rendent dubitatif. Le film suit le quotidien d’une famille, à travers une suite d’épisodes communs et individuels, au moment où la vie de chacun glisse hors de ses ornières.
Tout commence avec David, le père, qui, après une carrière de 27 ans dans l’armée, revient à la vie domestique et se lance dans la vente à domicile. Sa femme Rina, prof de lycée, se laisse aller à une aventure avec l’un de ses étudiants. Leur fille Yifat, adolescente engagée et contestataire, tombe à son tour amoureuse d’un jeune homme d’origine arabe.
Se méfier de l’altérité
Tout cela s’agencerait plutôt bien dans l’écriture sereine, mélodique et teintée d’onirisme de Kolirin, si ce n’était le tour discutable que prend le récit. Si chaque personnage éprouve – parfois jusqu’au drame – les limites d’une société clivée, le film semble nous dire que ces pas de côté n’en valaient pas la chandelle, qu’il aurait sans doute mieux valu se méfier de l’altérité que de s’en rapprocher.
Etrangement, Kolirin reste avec ses personnages, les disculpe même, et ne manifeste pas l’ironie qui pouvait faire accepter le repli familial. La dernière image, particulièrement ambiguë, voit la famille réunie et en liesse, Yifat lançant un long regard vers la caméra, sans doute pour remettre au spectateur la responsabilité d’un jugement.
Film israélien d’Eran Kolirin avec Alon Pdut, Shiri Nadav, Noam Ambar, Mili Eshet (1 h 30). Sur le Web : www.entre-chien-et-loup.be/film-film-163-production-en.html