Corée du Nord : Kim Jong-un livre un plaidoyer pour la politique nucléaire de son pays
Corée du Nord : Kim Jong-un livre un plaidoyer pour la politique nucléaire de son pays
Par Philippe Pons (Pyongyang, Corée du Nord, envoyé spécial)
Le dirigeant s’exprimait en ouverture du congrès du Parti du travail, le premier organisé depuis trente-six ans, vendredi, à Pyongyang.
Le discours de Kim Jong-un en ouverture du septième congrès du parti du travail a été retransmis à la télévision officielle, vendredi 6 mai. | ED JONES / AFP
Ce n’est finalement qu’aux informations télévisées de 22 heures, heure locale, que les Nord-Coréens ont pu découvrir les premières images du septième congrès du Parti du travail, qui s’est ouvert vendredi 6 mai au Palais de la culture du 25-Avril, à Pyongyang.
Le jeune dirigeant Kim Jong-un, vêtu d’un complet veston et cravate rendant sa silhouette encore plus massive, et portant des lunettes, a lu une déclaration d’ouverture de ce congrès, le premier en trente-six ans. Annoncée à la télévision en début de matinée, sa tenue n’avait donné lieu à aucune couverture en direct. La présentatrice en robe traditionnelle se contentant de trompeter les réalisations du régime, tandis que repassaient en boucle des images de ceux qui l’avaient précédé.
Lors du sixième congrès, en octobre 1980, trônaient à la tribune, tous deux en costume sombre à col officier, Kim Il-sung (1912-1994) et, à sa droite, Kim Jong-il (1942-2011), que le conclave allait consacrer comme successeur désigné. Il héritera du pouvoir à la mort de son père quatorze ans plus tard. Cette fois Kim Jong-un est seul, flanqué à sa droite du président de l’assemblée suprême du peuple, Kim Yong-nan, et du vice-maréchal Hwang Byong-so, membre du bureau politique général de l’armée populaire, avec en toile de fond les portraits de Kim Il-sung et de Kim Jong-il souriants sur un fond azur.
Images du septième congrès du Parti du travail retransmises par la télévision officielle nord-coréenne. | AP
A son arrivée, les trois mille délégués se sont levés comme un seul homme battant des mains à tout rompre. Les officiers chamarrés et les vétérans à la poitrine bardée de médailles tressautant au rythme des applaudissements forment la moitié de l’assistance. Les déléguées féminines, en robe traditionnelle, sont plus nombreuses qu’en 1980 mais minoritaires.
Dans sa brève allocution d’ouverture, Kim Jong-un a rappelé les efforts accomplis pour accroître la puissance du pays grâce à « la cohésion du peuple » et à « la force du parti de Kim Il-sung et de Kim Jong-il », louant la politique nucléaire menée par son pays, concluant que « le plus important est d’avoir confiance en soi-même ». Kim Jong-nam a pour sa part détaillé l’ordre du jour du congrès : bilan du comité central, modification des statuts du parti, élection aux fonctions suprêmes du « camarade Kim Jong-un » et élection des membres du comité central.
Portes closes pour les journalistes étrangers invités
Dans l'entrée de l'hôtel Yanggakdo, à Pyongyang, vendredi 6 mai. | ED JONES / AFP
Pendant toute la journée de vendredi, le congrès s’est déroulé portes closes. Les cent trente journalistes étrangers invités ont été tenus à l’écart. Ils ont simplement été autorisés à prendre des photos et à interviewer des passants à deux cents mètres du monumental bâtiment à l’architecture soviétique, orné de drapeaux rouges frappés des emblèmes du parti (la faucille, le marteau et le pinceau, symbole des intellectuels). Aucune explication n’a été donnée de cette non-couverture de l’évènement pour lequel ils ont été invités.
Avec un bel ensemble, les passants s’en tenaient à la ligne officielle : la dévotion envers le dirigeant, la nécessité de l’arme nucléaire afin de contrer la menace américaine et la colère contre les sanctions décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies à la suite des essais nucléaires et balistiques nord-coréens.
La Corée du Nord ouvre ses portes pour un congrès historique
Durée : 00:44
La presse chinoise, généralement bien représentée, était des plus discrètes. Aucune délégation du Parti communiste chinois n’a été invitée, témoignant des relations pour le moins froides entre les partis frères. A la suite de l’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne, les pays membres de l’Union européenne, qui participent aux sanctions onusiennes, ont unanimement décidé de ne pas participer aux festivités organisées à l’occasion du congrès.
Dans les rues de Pyongyang, vendredi 6 mai. | DAMIR SAGOLJ / REUTERS
La capitale pavoisée donne une impression quelque peu morose : circulation réduite, mesures de sécurité renforcées, ciel plombé et pluie fine. En dépit des intempéries, la préparation des manifestations de masse, dont une marche au flambeau, qui accompagneront la fin du congrès (dont on ignore la date) se poursuit sans discontinuer mobilisant des dizaines de milliers de personnes.
De nouveaux slogans sont apparus un peu partout. Ponctués de point d’exclamation, ils appellent les « guerriers rouges à défendre le parti jusqu’à la mort ! », à « faire du pays une forteresse ! » et à « se comporter de manière disciplinée, simple et honnête ! ».