Des élèves de deuxième année de médecine à la faculté de médecine et pharmacie de Poitiers, en février 2016. | GUILLAUME SOUVANT / AFP

L’incendie aura été prestement circonscrit : le rectorat de Paris a indiqué jeudi 5 mai qu’il « n’y aura[it] pas de tirage au sort » pour choisir les étudiants en médecine franciliens à la rentrée prochaine, en réaction à un article publié mercredi soir par lemonde.fr. Thierry Mandon, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’a confirmé à Libération : « Je ferai tout pour que le tirage au sort pour accéder en première année de médecine n’existe jamais », s’est-il engagé.

La décision avait pourtant été prise et annoncée aux principaux intéressés. « Le rectorat nous a clairement indiqué mercredi matin la mise en place d’un tirage au sort en Ile-de-France », rapporte Rémi Patrice, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), qui se réjouit du démenti de Thierry Mandon.

Jusqu’à présent, tous les candidats franciliens en première année, commune aux études de santé (Paces), étaient admis. Ils furent ainsi 8 143 en 2015, soit près de 500 de plus qu’en 2014, et 1 100 de plus qu’en 2010. Cette croissance mettait sous pression les facultés de médecine franciliennes, notamment Paris-Descartes (Paris-V), Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI) et Paris-Diderot (Paris-VII).

Une simple précaution juridique

D’où la décision d’endiguer le flux. « La hausse continue du nombre des admis au cours de ces dernières années a conduit à instaurer, en accord avec le ministère, une capacité d’accueil globale au niveau régional en Paces Ile-de-France pour la rentrée 2016 », avait ainsi expliqué au Monde dès mars la division des établissements et de la vie universitaire du rectorat. Précisant que « la capacité d’accueil 2016 [avait été] fixée à 7 500 candidats », elle prévenait : « Il est probable que tous les candidats ne pourront pas être admis. »

En pareil cas, un tirage au sort désigne les heureux élus, comme prévu par la loi et couramment pratiqué en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). C’est l’application de cette mécanique à la Paces francilienne qui a été confirmée mercredi matin à l’Anemf.

Sitôt connue, son existence déclenche l’ire des organisations lycéennes et étudiantes. L’UNEF qualifie la décision d’« intolérable », l’UNI d’« arbitraire » et de « profondément injuste » ; les lycéens de la FIDL disent leur « colère ». La réaction politique est d’autant plus immédiate que le ministère redoute de voir s’ouvrir un front sur la question de la liberté d’accès à l’université, alors que le conflit sur la sélection en master n’est pas soldé et que les organisations lycéennes et étudiantes sont toujours engagées contre la « loi travail ».

Le ministère confirme donc qu’une capacité d’accueil limitée à 7 500 étudiants a bien été fixée en Ile-de-France, mais assure qu’il s’agit d’une simple précaution juridique. Confronté au pic d’inscriptions de 2015, le rectorat s’est doté d’un instrument légal pour, le cas échéant, pouvoir procéder à un tirage au sort. L’arme, promet-on, n’aurait été dégainée qu’en cas d’explosion du nombre de candidatures, « comme elle l’est régulièrement en Staps ou dans d’autres filières lorsqu’elles sont soumises à une pression excessive ».

Perspective qui semble éloignée à ce jour : le nombre d’élèves de terminale ayant placé médecine en premier vœu sur Admission post-bac serait légèrement inférieur à 2015 (7 700 contre plus de 8 100). « Sur un plan théorique, un tirage au sort aurait pu avoir lieu, explique l’entourage de la ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, mais la théorie ne se vérifiera pas sur le terrain cette année. »