L’affaire Bettencourt à nouveau devant la justice
L’affaire Bettencourt à nouveau devant la justice
Le Monde.fr avec AFP
Quatre prévenus sont jugés en appel à partir de mardi à Bordeaux pour « abus de faiblesse » au détriment de la richissime héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt.
L’héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, en 2010. | AFP/HO
Un décès, des transactions financières, deux relaxes : de dix au départ, ils ne sont plus que quatre prévenus jugés en appel à partir du mardi 10 mai à Bordeaux pour « abus de faiblesse » au détriment de la richissime héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt.
Huit hommes, sur les neuf ayant comparu devant le tribunal correctionnel début 2015, avaient été reconnus coupables d’avoir profité entre 2006 et 2011 des largesses de la femme la plus riche de France, affaiblie par la maladie, ou d’avoir facilité ces abus. L’ex-ministre du budget, Eric Woerth, poursuivi pour « recel », avait été relaxé, de même que l’ex-infirmier de la milliardaire, Alain Thurin, jugé séparément après une tentative de suicide.
La quasi-totalité des condamnés avait fait appel, mais leur liste n’a cessé de se réduire au fil des mois. Et seuls quatre d’entre eux se retrouveront finalement à Bordeaux pour un second procès, prévu jusqu’au 27 mai mais qui pourrait être écourté.
Qui sont les quatre prévenus ?
- François-Marie Banier
Le photographe François-Marie Banier, en janvier 2015. | NICOLAS TUCAT / AFP
Comme en 2015, c’est le photographe François-Marie Banier, 68 ans, ancien « confident » de Liliane Bettencourt, qui devrait se trouver au cœur des débats. Il nie farouchement avoir profité de la vieille dame, aujourd’hui âgée de 93 ans et sous tutelle, pour obtenir des dons et assurances-vie de plusieurs centaines de millions d’euros, assurant qu’il s’agissait de la volonté propre de son « amie ».
En première instance, le tribunal avait pourtant jugé que le photographe exerçait « une emprise particulièrement destructrice sur cette victime âgée en situation de particulière vulnérabilité ». François-Marie Banier avait écopé de la plus lourde peine : trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350 000 euros d’amende et 158 millions d’euros de dommages et intérêts.
- Martin d’Orgeval
Compagnon du photographe, l’homme de 42 ans a été condamné en première instance à dix-huit mois de prison avec sursis et 150 000 euros d’amende pour avoir aidé François-Marie Banier.
- Pascal Wilhelm
Cet avocat de 54 ans avait été condamné à trente mois de prison, dont douze avec sursis, 250 000 euros d’amende et 2,9 millions d’euros de dommages et intérêts. Les juges lui reprochaient d’avoir « dévoyé sa qualité d’avocat » pour abuser la milliardaire, s’opposant notamment à une mesure de protection judiciaire de sa cliente pour « préserver ses intérêts financiers ».
- Patrice Bonduelle
Quant à Patrice Bonduelle, 53 ans, il avait été condamné pour avoir aidé Me Wilhelm à s’immiscer dans les affaires de Liliane Bettencourt, « sans aucun mandat de celle-ci ». Une complicité qui lui avait valu six mois avec sursis et 80 000 euros d’amende.
Qui a renoncé à faire appel ?
- Patrice de Maistre
Patrice de Maistre, ancien homme de confiance des Bettencourt, au tribunal de Bordeaux, le 26 janvier 2015. | REUTERS/© Regis Duvignau / Reuters
Prédécesseur de Me Wilhelm comme gestionnaire de fortune de l’héritière de L’Oréal, Patrice de Maistre, condamné à 30 mois de prison dont 12 avec sursis, 250 000 euros d’amende et 12 millions de dommages et intérêts, a renoncé à faire appel après un accord conclu en octobre 2015 avec la famille de son ex-patronne.
- Jean-Michel Normand
Le notaire qui avait aidé M. de Maistre, Jean-Michel Normand, condamné à un an avec sursis et 100 000 euros d’amende, s’est également désisté de son appel une semaine avant l’ouverture du procès.
- Stéphane Courbit
L’entrepreneur, condamné à 250 000 euros d’amendes pour un investissement controversé de la milliardaire dans son groupe en 2010-2011, a lui aussi renoncé. Il avait déjà conclu un accord avec la famille Bettencourt sur la restitution de l’investissement.
Quant à Carlos Vejarano, ex-gestionnaire de l’île seychelloise des Bettencourt, condamné en première instance, il est récemment décédé.
La défense dénonce de « faux témoignages »
Pour ce nouveau procès, la défense devrait s’emparer de la procédure instruite à Paris par le juge Roger Le Loire, après une plainte pour « faux témoignages » déposée en 2012 par M. Banier.
A ce jour, quatre ex-employées et une amie de la milliardaire ont été mises en examen dans ce volet. Parallèlement, la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, partie civile au procès en appel, devrait être convoquée en juin, après l’audience.
« Cela fait longtemps que nous disons que les témoins ne disent pas la vérité. Il y a aujourd’hui un juge d’instruction qui estime qu’il y a des indices suffisamment graves et concordants pour justifier la mise en examen de cinq témoins et envisager celle de Mme Bettencourt-Meyers pour “subornation de témoins”», a souligné auprès Me Pierre Cornut-Gentille, un des avocats du photographe.