« Les poules méritent mieux qu’une vie en cage »
« Les poules méritent mieux qu’une vie en cage »
Par Aurélia Greff (Porte-parole de CIWF France)
En France, 68 % des poules pondeuses sont encore élevées en cage, alors que la Suède a interdit cette forme d’élevage en 1994, l’Autriche en 2004, et l’Allemagne le prévoit pour 2025, constate Aurélia Greff, porte-parole de l’ONG Compassion in World Farming France (CIWF).
« la qualité nutritionnelle de l’œuf est différente selon l’élevage en plein air ou en cage. Il peut y avoir jusqu’à 170% d’omega 3 en plus pour des œufs plein air, 100% de vitamine E et 280% debêta-carotène pour les œufs élevés en plein air. » (Photo: élevage à Vielle-Soubiran, 2015). | IROZ GAIZKA / AFP
Par Aurélia Greff, porte-parole de l’ONG Compassion in World Farming France (CIWF)
De plus en plus d’entreprises à travers le monde font preuve d’un intérêt croissant et investissent de façon concrète pour le bien-être des animaux d’élevage, et plus particulièrement pour les poules pondeuses, mais la France reste à la traîne.
Walmart, le plus important distributeur aux Etats-Unis, a annoncé début avril qu’il ne vendrait plus que des œufs de poules élevées hors-cage d’ici 2025. En septembre 2015 déjà, McDonald’s USA s’était engagé à utiliser 100 % d’œufs hors-cage d’ici 2025, suite à un rapport de CIWF qui dénonçait une étude biaisée sur le bien-être des poules pondeuses en systèmes de cages.
Rapidement, de très nombreuses chaînes de restaurants comme Taco Bell, Panera et Wendy’s et des chaînes de supermarchés parmi les plus importantes des États-Unis, incluant Kroger, Trader’s Joe et Delhaize (propriétaire de Hannaford et Food Lion) ont rejoint le mouvement hors-cage. Plus de soixante des plus importantes entreprises du secteur se sont engagées en quelques mois à n’utiliser que des œufs hors-cage dans les dix prochaines années ou moins.
On peut donc raisonnablement s’attendre à ce que dans dix ans, si chacun tient ses engagements, il n’y ait quasiment plus d’œufs provenant de poules élevées en batterie vendus aux États-Unis. Les entreprises agroalimentaires américaines ont entendu le message clair et fort des consommateurs : les animaux méritent mieux qu’une vie en cage.
Volontés politiques en Europe
Cette vague d’engagements à ne plus utiliser d’œufs de cage est un des domaines – plutôt rares – où l’Europe, et particulièrement la France sont en retard sur les États-Unis en termes de bien-être animal.
Aux Etats-Unis, ce sont les entreprises qui ont amorcé le mouvement. En Europe, les avancées majeures concernant les œufs sont pour l’instant principalement dues à des volontés politiques. La Suède a interdit les élevages de poules pondeuses en cage en 1994, l’Autriche en 2004, et l’Allemagne le prévoit pour 2025.
En France, aucune volonté politique en ce sens à ce jour. Allons-nous suivre l’exemple des Etats-Unis et attendre que le changement vienne de l’industrie agroalimentaire et des distributeurs ? Monoprix a annoncé il y a quelques semaines retirer de ses rayons tous les œufs « coquille » issus de poules élevées en cage et l’on s’en réjouit vivement.
Mais hormis cette récente déclaration, seuls Colruyt (environ 60 magasins) et Schiever (Atac, Maximarché et Bi1, plus de 160 magasins) ont entièrement retiré les œufs de poules en cage de leurs rayonnages en France. Faute de loi, espérons que l’annonce de Monoprix, distributeur très médiatisé et bien connu des consommateurs français permettra à d’autres acteurs de la grande distribution de suivre l’exemple comme cela s’est passé aux Etats-Unis.
Acheter moins mais de meilleure qualité
En France, 68 % des poules pondeuses sont encore élevées en cage. Les supermarchés qui ne veulent pas cesser la vente d’œufs de poules élevées en cage se cachent souvent derrière les arguments suivants : Ils ont le devoir de proposer du « choix » aux consommateurs, l’offre doit être adaptée à tous les budgets, la filière est en crise, il vaut mieux ne pas enfoncer le clou…
Il est évident qu’il faut pouvoir proposer des produits pour tous les budgets, mais les produits respectueux du bien-être animal ne sont pas incompatibles avec une relance de la filière ou avec des prix abordables pour les consommateurs. Acheter moins mais de meilleure qualité. De plus, la qualité nutritionnelle de l’œuf est différente selon l’élevage en plein air ou en cage. Il peut y avoir jusqu’à 170 % d’omega 3 en plus pour des œufs plein air, 100 % de vitamine E et 280 % de bêta-carotène pour les œufs élevés en plein air. Il n’y a pas de raison à ce que les petits budgets aient une nourriture de moins bonne qualité.
D’ailleurs, en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne, les supermarchés ont banni de leurs rayons les œufs de poules élevées en cage ainsi que d’importantes chaînes de supermarché comme Coop Italia en Italie ou Sainsbury’s au Royaume-Uni. Ne serions-nous pas capables de faire ce que nos voisins font ?
Et si Walmart, le plus grand distributeur du monde, peut éliminer de sa chaîne d’approvisionnement les œufs de batterie alors les entreprises de tous les pays et de toutes les tailles n’ont aucune excuse pour ne pas suivre le mouvement.