Une journaliste néerlandaise autorisée à quitter la Turquie après deux semaines d’assignation à résidence
Une journaliste néerlandaise autorisée à quitter la Turquie après deux semaines d’assignation à résidence
Le Monde.fr avec AFP
Ebru Umar avait brièvement été arrêtée par la police turque le 23 avril après avoir rédigé une chronique très critique envers le président Erdogan, dont elle avait ensuite tweeté des extraits.
Ebru Umar, athée et féministe connue, avait été interpellée dans la nuit du 23 au 24 avril chez elle à Kusadasi, accusée d’avoir insulté et menacé le président sur Twitter. | AP
Une journaliste néerlandaise d’origine turque interpellée le 23 avril en Turquie pour avoir critiqué le président Recep Tayyip Erdogan, et retenue dans le pays depuis lors, a été autorisée à revenir aux Pays-Bas, a annoncé mardi 10 mai le ministre néerlandais des affaires étrangères, Bert Koenders. « La Turquie a levé mardi l’interdiction de voyager » qui frappait Ebru Umar, a-t-il ajouté. « Il reste à voir si elle sera poursuivie » en Turquie, a cependant précisé le ministre.
Ebru Umar, athée et féministe connue, avait été interpellée dans la nuit du 23 au 24 avril chez elle à Kusadasi, une petite station balnéaire dans l’ouest de la Turquie, accusée d’avoir insulté et menacé le président sur Twitter. La journaliste de 45 ans avait été libérée après 16 heures de détention mais elle ne pouvait quitter le pays et devait se présenter à la police deux fois par semaine.
Des procès pour injure envers M. Erdogan de plus en plus courants
Les autorités d’Ankara reprochent à la journaliste d’avoir écrit récemment une chronique très critique – parue dans le quotidien néerlandais Metro – au sujet d’un courriel diffusé par le consulat de Turquie à Rotterdam, qui appelait les Turcs vivant aux Pays-Bas à signaler les « insultes » à l’égard de M. Erdogan. Critiquant « un dictateur mégalomaniaque » et « un sultan », Mme Umar s’adressait violemment, dans sa chronique, à ceux qui répondraient à cet appel.
Les procès pour injure envers M. Erdogan se sont multipliés depuis son élection à la tête de l’Etat en août 2014, signe, selon ses détracteurs, d’une dérive autoritaire. Près de 2 000 procédures judiciaires ont été lancées en Turquie, visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers.
Les sanctions prononcées pour ce délit se limitent dans la plupart des cas à des peines de prison avec sursis, mais une femme a été condamnée le 20 janvier à onze mois de prison ferme pour un geste obscène à l’encontre de M. Erdogan lors d’une manifestation en mars 2014.