A Londres comme à Paris, les salariés défendent leur « home sweet home »
A Londres comme à Paris, les salariés défendent leur « home sweet home »
Par Elodie Chermann
Des deux côtés de la Manche, les travailleurs ne semblent pas très enclins à quitter leurs attaches. C’est ce qui ressort du dernier baromètre Paris Workplace 2016.
« Malgré l’insécurité ambiante et le climat économique morose, rares sont les Franciliens qui aspirent à mettre les voiles. Seuls 20% d’entre eux migreraient vers Londres s’ils avaient le choix. 70% des employés londoniens boivent régulièrement des verres avec des collègues après le travail contre 25% des Parisiens » (Photo: gare de Lyon, le 7 juin). | CHARLES PLATIAU / REUTERS
Touche pas à ma ville ! Tel est en substance le message lancé par les salariés dans le troisième baromètre Paris Workplace 2016, publié le 14 juin par la Société foncière lyonnaise (SFL) en collaboration avec l’Ifop. Pour la première fois, le panel de 2 876 travailleurs comprenait aussi bien des Franciliens que des Londoniens. Et les résultats ne manquent pas de surprendre !
Malgré l’insécurité ambiante et le climat économique morose, rares sont les Franciliens qui aspirent à mettre les voiles. Seuls 20 % d’entre eux migreraient vers Londres s’ils avaient le choix. Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils savent que le coût du logement y est deux fois plus élevé et le temps de trajet domicile-travail sensiblement plus long : 120 minutes aller-retour en moyenne contre « seulement » 96 minutes chez nous. Mais aussi et surtout parce qu’ils se disent à 77 % attachés à leur ville, qu’ils jugent belle, dynamique et festive.
C’est vrai pour ceux qui travaillent dans les 1er, 2e, 8e, 9e, 16e et 17e arrondissements, quartiers à la fois sûrs (en tout cas perçus comme tel), facilement accessibles en transports en communs et bien dotés de commodités en tout genre. « Les salariés ont toujours été plus attirés par le centre-ville parisien que par les quartiers périphériques », note Aude Grant, directrice générale adjointe Asset management et investissement au sein de la SFL.
Mais « ce qui est nouveau, c’est que les entreprises se disent désormais que ça vaut le coup d’y investir : elles observent les mutations culturelles, le risque de fuite des talents, les pertes de temps et donc de motivation induits par les longs trajets. Elles doivent s’adapter à de nouvelles exigences des salariés qui n’ont plus de voiture et souhaitent travailler “là où ça se passe”. »
Le bureau, facteur de bien être
Les Londoniens, en revanche, sont largement gagnants au niveau de l’environnement de travail puisqu’à côté des commerces, des services et des lieux de restauration, ils ont la chance d’avoir à la porte de nombreux espaces verts. Un vrai luxe !
Leurs bureaux sont également plus faciles à vivre, tant au niveau du confort du poste de travail que de la rapidité des connexions, de la qualité des salles de réunion et des espaces collaboratifs, ou encore de l’aménagement des parties communes. « Le prix élevé du mètre carré à Londres a obligé les Britanniques à repenser leurs bureaux : moins de mètres carrés mais mieux distribués et avec un meilleur design, moins d’espace par collaborateur mais davantage de services », constate ainsi Gilles Betthaeuser, président France, Belgique, Espagne, Maroc et Suisse de Colliers International, conseil en immobilier d’entreprise. L’investissement des salariés s’en ressent : de chaque côté de la Tamise, on passe en moyenne 8 heures 24 au travail contre 8 heures 06 côté Seine.
Paradoxalement, les Français semblent néanmoins beaucoup plus attachés à leur lieu de travail que leurs homologues anglais : 89 % d’entre eux estiment que leur bureau influence leur bien-être contre 64 % des Londoniens. Ils sont particulièrement attachés à la vie sociale. 42 % en font même l’une des principales raisons d’aller travailler contre seulement 18 % des Londoniens.
Au pays de la bonne chair, la pause déjeuner reste d’ailleurs un moment sacré. Ici, on y consacre 1 heure 12 en moyenne, contre 48 minutes seulement dans la City, où l’on préfère de loin le rituel de l’afterwork. Ainsi, 70 % des employés londoniens boivent régulièrement des verres avec des collègues après le travail contre 25 % des Parisiens. Question de culture !