Au Brésil, le président par intérim mis en cause dans le scandale Petrobas
Au Brésil, le président par intérim mis en cause dans le scandale Petrobas
Le Monde.fr avec AFP
Un ex-dirigeant de la compagnie pétrolière accuse Michel Temer d’avoir utilisé des sommes d’argent issues du système de corruption pour financer la campagne de son parti.
Le gouvernement par intérim de Michel Temer est éclaboussé par le scandale Petrobas. | ANDRESSA ANHOLETE / AFP
Le président par intérim du Brésil, Michel Temer, est accusé d’avoir participé au réseau de corruption monté au sein de Petrobras, a déclaré à la justice Sergio Machado, ex-président de Transpetro, une filiale du géant pétrolier public.
Dans un témoignage publié mercredi 15 juin par la Cour suprême brésilienne, M. Machado, qui a passé un accord avec la justice pour réduire sa peine dans le cadre de l’affaire Petrobras, affirme que M. Temer lui a demandé personnellement des ressources provenant de la corruption à Petrobras pour financer la campagne d’un député fédéral à la mairie de Sao Paulo, en 2012.
M. Machado raconte au parquet s’être réuni personnellement avec M. Temer et que ce dernier lui a demandé « des ressources illicites des entreprises qui avaient des contrats avec Transpetro » pour la campagne du candidat Gabriel Chalita, pour un montant de 1,5 million de reais (près de 380 000 euros).
Il affirme en outre avoir donné des pots-de-vin à M. Temer et à plus d’une dizaine d’hommes politiques, dont l’actuel président du Sénat, Renan Calheiros, et le ministre du tourisme, Henrique Eduardo Alves, tous deux membres du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit) de M. Temer.
Cette déclaration est la première à mettre en cause le président par intérim dans l’affaire de corruption qui frappe le pays. L’enquête fleuve sur cette affaire a déjà mis derrière les barreaux des dizaines d’hommes politiques.
Deux démissions depuis l’arrivée du gouvernement par intérim au pouvoir
Le cabinet de Michel Temer a démenti ces informations, précisant qu’il avait toujours suivi les règles de financement de la campagne électorale. Ce nouveau développement fragilise encore davantage le gouvernement brésilien par intérim, qui, en un mois d’existence, compte déjà deux démissions de ministres liés à l’affaire Petrobras : le ministre du Plan, Romero Juca et le ministre chargé de la lutte contre la corruption, Fabiano Silveira, tous deux accusés de faire obstruction à l’enquête.
La semaine dernière, le procureur général du Brésil a en outre demandé à la Cour suprême d’autoriser l’arrestation du président du Sénat et du président du PMDB pour tentative d’obstruction à la justice.