Des proches des passagers du vol MS804 d’EgyptAir disparu entre Paris et Le Caire, devant l’aéroport du Caire, le 19 mai. | KHALED DESOUKI / AFP

Au luxueux hôtel Le Passage, près de l’aéroport du Caire, ce soir du jeudi 19 mai est un soir habituel. Une jeune mariée est acclamée sous les « youyous » de ses demoiselles d’honneur pendant qu’un cortège de touristes chinois est accueilli par un guide égyptien. A l’étage, les familles égyptiennes des passagers du vol MS804 d’EgyptAir, en provenance de Paris et disparu dans la nuit de mercredi à jeudi à 280 km des côtes égyptiennes, s’isolent quant à elles dans leurs chambres.

Plus tôt dans la journée, elles étaient accueillies par les représentants de la compagnie nationale et par les autorités égyptiennes à l’aéroport du Caire. Les familles sortent de cette rencontre pour la plupart en colère contre des fonctionnaires qui ne leur fournissent aucun renseignement utile et contre les journalistes qui s’amassent autour d’elles braquant objectifs et micros. « Nous ne savons rien », lance un vieillard déboussolé pour calmer l’impatience des médias.

Dans l’hôtel, Mervat Mounir, la tante d’une jeune hôtesse de l’air présente sur le vol, Samar Azzedine, retient ses larmes pour exprimer son incompréhension : « C’est d’autant plus terrible que nous avons l’impression que les autorités égyptiennes refusent de nous communiquer le moindre renseignement. »

« N’attendez aucune réponse aujourd’hui », a d’ailleurs martelé Sherif Fathy, le ministre égyptien de l’aviation civile, lors d’une conférence de presse houleuse qui a eu lieu en début d’après-midi. Le ministre a refusé de tenir compte des « rumeurs » et des « on dit » repris par la presse égyptienne et internationale. Sur la défensive face à des journalistes offensifs, il a assuré mener des investigations en collaboration étroite avec les autorités françaises en vue de découvrir les « vraies causes » de ce qu’il qualifie d’« incident ».

« Donner l’impression que les autorités font quelque chose »

Du côté des familles, le doute prévaut sur l’espoir de retrouver leurs proches. « Samar n’avait que 27 ans et n’est mariée que depuis sept mois, j’ai peur qu’elle nous ait déjà quitté, murmure Mervat Mounir. Sur Facebook, certain affirme qu’elle est morte. » Les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue constituent en effet l’unique source d’informations pour ces familles. « On nous a fait venir dans cet hôtel pour donner l’impression que les autorités font quelque chose, estime Mervat Mounir. En réalité, nous restons enfermés dans nos chambres en regardant la télévision, comme si nous étions restés à la maison ».

Un vol en provenance de Paris était attendu dans la soirée aux environs de 21 heures avec à son bord des proches des quinze passagers français. Les familles seront accueillies par des représentants du consulat de France qui se sont mobilisés dès la matinée. Les familles égyptiennes espèrent ainsi que cette arrivée poussera les autorités de leur pays à délivrer davantage d’informations sur ce nouveau drame aéronautique lié à l’Egypte.