En pleine guerre de succession à Theresa May, le Parti conservateur n’avait pas besoin de cette vidéo déjà vue des centaines de milliers de fois. Alors qu’une militante de Greenpeace, ceinturée d’une écharpe « Urgence climatique », faisait le tour, jeudi 20 juin au soir, des tables d’un dîner de gala à Londres réunissant le gratin de la finance, Mark Field, élu de la circonscription des Cités de Londres et Westminster et secrétaire d’Etat aux affaires étrangères chargé de l’Asie, se lève brusquement à son passage, la pousse contre une colonne, avant de la saisir par la nuque et de la forcer à quitter les lieux. L’incident s’est produit alors que le ministre des finances, Philip Hammond, se préparait à prononcer un discours.

« Nous avons été choqués par les images d’un député et secrétaire d’Etat agressant l’un de nos manifestants pacifiques », a réagi Greenpeace dans un communiqué. Selon l’organisation, la militante « en question espérait discuter des changements climatiques et des réformes économiques dont nous avons besoin ».

Selon le Guardian, la police de Londres a été saisie et l’incident figurait vendredi matin parmi les sujets les plus discutés sur les réseaux sociaux au Royaume-Uni, les images tournaient en boucle sur les chaînes d’information britanniques, poussant Mark Field à présenter ses excuses « sans réserve ».

« Dans la confusion, beaucoup d’invités se sont sentis menacés, ce qui est compréhensible, et lorsqu’une manifestante s’est précipitée devant moi, j’ai réagi par instinct », a-t-il affirmé sur la chaîne ITV. « Il n’y avait pas de sécurité et j’ai eu peur, pendant une fraction de seconde, qu’elle soit armée », a-t-il ajouté. « J’ai donc saisi fermement l’intruse pour la faire sortir de la pièce le plus vite possible. »

Pluie de critiques

Dawn Butler, la ministre chargée des femmes et de l’égalité au sein du « cabinet fantôme » travailliste s’en est prise à M. Field sur Twitter, suggérant qu’il soit « immédiatement suspendu ou renvoyé ». Sa collègue travailliste Tonia Antoniazzi a ajouté : « Quiconque réagit ainsi à une manifestation pacifique ne devrait pas siéger dans notre Parlement. » L’élue travailliste de la circonscription de Birmingham Yardley Jess Phillips a tweeté : « Les députés doivent répondre par des mots aux protestations et aux conflits. »

Le député libéral démocrate Chuka Umunna a qualifié les actions de M. Field de « totalement inacceptables », tandis que l’ancienne députée conservatrice Sarah Wollaston a déclaré qu’il était « absolument lamentable de voir un député expulsant d’une pièce une femme par la peau du cou ».

Les faits vont faire l’objet d’une enquête au sein du Parti conservateur, a assuré le président des tories, Brandon Lewis. « Il est difficile pour quiconque voyant [ces images] de ne pas être stupéfait », a-t-il déclaré. Pourtant, l’un des collègues conservateurs de M. Field, le député de sir Peter Bottomley, a déclaré à la BBC que Mark Field n’avait rien fait de mal : « Je pense qu’il a fait ce qu’il fallait. Il a empêché la femme d’aller plus loin. (…) Il est intervenu et je l’ai félicité pour cela. Et j’aurais fait la même chose. »