Cinq des huit raffineries françaises à l’arrêt ou en cours d’arrêt
Cinq des huit raffineries françaises à l’arrêt ou en cours d’arrêt
Le Monde.fr avec AFP
La CGT et FO ont renouvelé lundi leur appel à bloquer des raffineries et des dépôts de carburants.
La Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO) ont renouvelé, lundi 23 mai, leur appel à bloquer des raffineries et des dépôts de carburants.
- Quelles sont les raffineries à l’arrêt ?
Cinq des huit raffineries françaises – qui représentent près de 50 % de la capacité de raffinage – sont affectées dont certaines unités de Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Rhône).
« Cinq des huit raffineries françaises sont en grève, arrêtées ou en cours d’arrêt, quatre de Total et Petroineos à Lavera près de Martigues [Bouches-du-Rhône], a déclaré Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT. Seules deux raffineries Esso continuent de marcher : celle de Fos-sur-Mer [Bouches-du-Rhône] et celle de Notre-Dame-de-Gravenchon [Seine-Maritime]. »
M. Lépine a précisé que la raffinerie de Grandpuits-Bailly-Carrois (Seine-et-Marne), « en grève reconduite de soixante-douze heures, empêchant toute sortie de produits pétroliers », n’était pas à l’arrêt et tournait au ralenti.
Par ailleurs, plusieurs des 189 dépôts de carburant, dont une cinquantaine ont une capacité de plus de 10 000 m3, qui étaient bloqués par les salariés du secteur depuis plusieurs jours, ont été débloqués par les forces de l’ordre, a confirmé Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe Total, sans toutefois pouvoir fournir un nombre précis de dépôts bloqués en France.
- Le gouvernement envisage-t-il des recours à la force pour lever les blocages ?
Certaines actions de blocage des raffineries et des dépôts de carburant ne sont pas « légitimes » et le gouvernement utilisera « tous les instruments » à sa disposition pour les faire cesser, a déclaré lundi le ministre des finances, Michel Sapin, sur i-Télé, fustigeant notamment l’attitude de la CGT. Interrogé sur un éventuel usage de la force, Michel Sapin a répondu : « On verra, tous les outils de la démocratie sont là, et le premier des outils de la démocratie, c’est le dialogue. »
Dimanche, le premier ministre, Manuel Valls, et le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, ont affirmé que l’Etat utiliserait au besoin la force publique pour « libérer » les dépôts de carburants bloqués par des actions extérieures. Des CRS sont déjà intervenus dimanche matin pour déloger les manifestants de deux dépôts de carburant de Dunkerque (Nord).
Alors que le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a déploré, lundi matin sur RTL, que le gouvernement choisisse « de bomber le torse, [de] gonfler les muscles » au lieu d’être à « l’écoute de ceux qui ne sont pas contents », Michel Sapin a parlé d’« une CGT, pour des raisons souvent internes, qui s’est extraordinairement durcie et qui n’est que dans la protestation et qui n’est plus du tout dans le dialogue ».
- Quel est l’état des stocks commerciaux ?
Interrogé sur le risque de pénurie, M. Lépine a qualifié de « virtuels » les « quatre-vingt-dix jours de stocks stratégiques » avancés par le secrétaire d’Etat aux transports sur France 2. « Ces stocks sont très fluctuants, ils sont situés dans les raffineries pour la plupart et donc à partir du moment où elles ne sont pas accessibles, ça devient difficile », a déclaré M. Lépine.
Laurent Michel, directeur général de l’énergie et du climat, a évoqué une « trentaine de jours » de stocks commerciaux pour les entreprises. Alain Vidalies a affirmé, dimanche, qu’il n’y avait « pas de risque de pénurie » de carburant « pour la semaine prochaine » dans les stations françaises, appelant les automobilistes à ne pas céder à la « panique ».
Sur les 12 000 stations-service que compte le pays, « il y en a à peine 1 500 qui sont impactées en totalité ou en partie, ça fait moins de 20 %, certes, concentrées dans certaines régions », a expliqué M. Vidalies sur RTL, alors que les syndicats CGT et FO ont appelé les chauffeurs routiers à bloquer raffineries et dépôts de carburants.
Durant le week-end du 22 et 23 mai, les automobilistes se sont rués sur les pompes à essence, notamment dans le Nord et l’Ouest. Plusieurs départements ont pris des arrêtés limitant la distribution de carburant.