Clotilde Armand était candidate sous la bannière du parti Sauvez Bucarest. | Vlad Dumitrescu

Les Bucarestois ont découvert sa photo sur les flyers déposés dans les boîtes aux lettres de la capitale roumaine : un corps d’athlète, du charme, un visage souriant, « Clotilde Armand – Une Frenchie pour la mairie du premier arrondissement. » Citoyenne roumaine depuis 2005, elle a créé la surprise lors des élections municipales du 5 juin en Roumanie. Donnée gagnante dimanche soir par les sondages, la Frenchie a finalement perdu (28 %) face au candidat socialiste Daniel Tudorache (32 %). La presse roumaine dit qu’elle a été maire d’une nuit. « Je fais mon devoir envers mon nouveau pays, affirmait la candidate de 42 ans, peu avant le scrutin. Et puis je veux rétablir en Roumanie l’image d’une France généreuse et humaine pour contredire la vision d’un pays mercantile qu’on a d’elle en Roumanie. Il existe des liens très forts entre ces deux pays, et c’est dommage que certains hommes politiques les aient détruits en jouant sur l’image de la minorité rom. »

Née à Pointe-à-Pitre, où son père suit un stage militaire et enseigne les mathé­mati­ques aux enfants guadeloupéens, l’aînée de la famille Armand fait l’Ecole centrale à Paris et le Massachusetts Institute of ­Technology (MIT) aux Etats-Unis. C’est là qu’elle rencontre son futur époux, le Roumain Sergiu Moroianu. En 2002, la brillante étudiante française se retrouve chez Airbus, à la tête d’une équipe d’un millier d’ingénieurs, avec un budget d’un milliard d’euros. Elle arrive à Bucarest en 2005 pour réformer la distribution du gaz chez GDF Suez. « J’ai bien gagné ma vie et je peux tenir quatre ans avec le petit salaire de maire d’arrondissement en Roumanie », précise-t-elle.

« Nous avons remporté beaucoup de victoires contre les institutions roumaines, mais nous avons décidé qu’au lieu de lutter contre la classe politique, il valait mieux la changer. » Clotilde Armand

Depuis qu’elle a décidé d’être candidate, ­Clotilde Armand s’est jetée corps et âme dans plusieurs projets de la jeune société civile roumaine. « Nous avons remporté beaucoup de victoires contre les institutions roumaines, mais nous avons décidé qu’au lieu de lutter contre la classe politique, il valait mieux la changer », déclare-t-elle. « Nous », c’est l’association Sauvez Bucarest enregistrée en novembre 2015 en tant que parti politique.

A sa tête, Nicusor Dan, mathématicien, acteur très actif de la société civile, étoile montante de la politique roumaine et arrivé deuxième dans la course à la mairie de Bucarest, avec 28 % des voix. « Nous sommes dans un moment de rupture politique, explique-t-il. Les Roumains en ont assez d’une classe ­politique corrompue et veulent une alternative. »

Forte des résultats réalisés durant les municipales, la direction a rebaptisé le nom du parti en Union Sauvez la Roumanie (USB) et l’a inscrit dans la course des élections législatives, qui se tiendront en novembre. Clotilde Armand n’a pas encore dit son dernier mot.