Démission de l’ambassadeur de l’UE en Turquie après un différend
Démission de l’ambassadeur de l’UE en Turquie après un différend
Le Monde.fr avec AFP
Les relations entre Ankara et Bruxelles se sont tendues ces dernières semaines au sujet d’une exemption de visa qu’Ankara réclame pour ses ressortissants.
Le chef de la délégation européenne en Turquie, Hansjörg Haber, a démissionné après des propos jugés inappropriés par les autorités turques au sujet de l’accord sur les migrants conclu entre Ankara et Bruxelles, a annoncé, mardi 13 juin, une porte-parole de son bureau.
Le diplomate allemand avait été convoqué au ministère des affaires étrangères turc en mai et le mécontentement d’Ankara lui avait été officiellement notifié. Cette démission survient alors que les relations entre Ankara et Bruxelles se sont tendues ces dernières semaines au sujet d’une exemption de visa Schengen que la Turquie réclame pour ses ressortissants et que les relations entre la Turquie et l’Allemagne traversent des turbulences.
« Nous avons un proverbe : “Commencer comme un Turc et terminer comme un Allemand.” Mais c’est l’inverse qui s’est produit ici. Cela a commencé comme un Allemand et s’est terminé comme un Turc », avait déclaré le diplomate pour illustrer le fait que l’accord sur l’exemption de visa pour les ressortissants turcs avait commencé d’une manière ordonnée avant de rencontrer des problèmes.
Sentiment d’humiliation
« Aucun ambassadeur n’a le droit d’humilier le peuple du pays dans lequel il se trouve ou de dire quelque chose à propos de son président. C’est la première règle de la diplomatie », avait estimé l’ex-ministre aux affaires européennes turc, Volkan Bozkir, sur son compte Twitter.
Clause de l’accord conclu le 18 mars entre Turcs et Européens, cette exemption de visa se heurte au refus de la Turquie d’assouplir sa législation antiterroriste, l’un des soixante-douze critères fixés par Bruxelles.
Le gouvernement turc affirme qu’il est hors de question de souscrire à cette demande alors que le pays est confronté à une reprise violente du conflit kurde.
Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a catégoriquement exclu une telle éventualité mardi. « Nous menons une lutte acharnée pour l’unité et la survie de notre pays (...) Dans les conditions actuelles, il ne peut absolument pas y avoir de changement » dans les lois antiterroristes, a-t-il déclaré au Parlement.
Les autorités turques ont admis la semaine dernière que la date initiale pour l’exemption de visa, prévue avant le 1er juillet, ne serait pas tenue. Bruxelles doit publier mercredi son deuxième rapport sur l’application de l’accord sur les migrants.