« Do ré mi fashion » : du loufoque à la romance
« Do ré mi fashion » : du loufoque à la romance
Par Sylvain Siclier
Spectacle à trois voix, la comédie musicale joue les prolongations jusqu’au 13 juin au Théâtre du Marais à Paris.
La boutique de mode pour femmes vit ses dernières heures, en dépôt de bilan. « Fermeture définitive », annonce un panneau. Dans des caisses, sur des cintres, des porte-manteaux, robes, foulards, chemises, soieries, vestes, etc. attendent d’être mis au rebut. Les trois vendeuses, trois copines, font le tri. Chaque vêtement, un objet parfois, ravive un souvenir qui sert de prétexte à partir en chanson. Tel est l’argument de Do ré mi fashion, spectacle musical à trois voix qui fut présenté à l’Essaïon à Paris de janvier à mars et joue les prolongations chaque lundi, jusqu’au 13 juin, au Théâtre du Marais.
Derrière le comptoir de la boutique, un piano. Derrière le piano, Isa Fleur, par ailleurs chanteuse et comédienne, comme Aurore Bouston et Marion Lépine. Toutes trois viennent de la musique classique, toutes trois sont allées voir vers l’opérette, toutes trois ont aussi le goût pour la diversité de la chanson, du réalisme des années 1930 aux ritournelles de la variété, de la pop internationale à la chanson d’auteur. Elles évoquent, au début du spectacle, ce monsieur Williams, qui fut un employé modèle du temps de la splendeur du magasin. Et les voici qui chantent Monsieur Williams, de Léo Ferré et Jean-Roger Caussimon. Un jour une fille arrive, elle s’est coupé la main, cherche un pharmacien. Et voici La Chanson du pharmacien, de Félix Leclerc, où se mêlent le tragique et le comique. Puis un modèle de chanson idiote, Les Pruneaux, de Camille François et Francis Lopez, qu’interpréta Bourvil.
Complémentarité des voix
A ce début dans le patrimoine, qui choisit autant le connu que le plus rare, vers lequel les trois interprètes vont revenir au cours du spectacle, succède bientôt un enchaînement de tubes de la variété des années 1960 et 1970 pour l’essentiel. Ça part dans tous les sens, quelques phrases d’une chanson servent à s’élancer vers une autre, il y a des superpositions, des relations harmoniques ou mélodiques de l’une à l’autre. L’Eté indien, Que je t’aime, Je suis malade, Love Me Please Love Me, Tous les garçons et les filles… Très réussi dans la complémentarité des voix, le lien entre le chant et les situations de comédie. Cette manière d’entremêlement reviendra à d’autres moments. Sur une thématique – Paris par exemple.
Do ré mi fashion a ainsi des envols de loufoqueries, de dingueries, où l’on ne sait plus où donner de l’oreille et d’autres où la romance, la poésie sont conviées. Le spectacle avance ainsi par contrastes, avec passages de bravoure pour l’une ou l’autre des chanteuses, duos ou trios. De robe en costume, peu à peu la boutique se vide. Les arrangements et interprétations prennent un tour plus dépouillé. Ainsi pour les belles Rimes de Claude Nougaro ou le classique Le Temps des cerises. Qui font entendre qu’au-delà du registre de la drôlerie où elles sont tout à leur aise, les trois interprètes ont aussi de quoi susciter l’émotion.
« Do ré mi fashion », au Théâtre du Marais, 37, rue Volta, Paris 3e. Mo Arts-et-Métiers. Tél. : 01-71-73-97-83. Lundi, à 20 h 30. Jusqu’au 13 juin. De 10 € à 25 €.