Enquête pour tentative d’homicide volontaire après l’incendie d’une voiture de police à Paris
Enquête pour tentative d’homicide volontaire après l’incendie d’une voiture de police à Paris
Légèrement blessés, les deux agents souffrent de contusions. Il n’est pas encore établi s’ils ont été sortis du véhicule avant qu’un cocktail Molotov n’y soit jeté, ou après.
Une voiture de police incendiée en marge de la manifestation à Paris
Durée : 00:43
Une voiture de police, abandonnée à la hâte par les deux agents qui l’occupaient, a été incendiée à Paris mercredi 18 mai, vers midi et demi, près de la place de la République où se tenait une manifestation contre la « haine anti-flics » à l’appel des syndicats de police. Le parquet de Paris a annoncé en début d’après-midi l’ouverture d’une enquête pour tentative d’homicide volontaire.
Cent à 150 contre-manifestants, repoussés un peu plus tôt de la place par des gaz lacrymogènes – la manifestation prévue contre les violences policières avait été interdite –, se trouvaient sur le quai de Valmy quand ils ont croisé cette voiture de police, a fait savoir la préfecture de police. Une quinzaine d’entre eux se sont alors mis à taper avec des barres de fer sur le véhicule dont les vitres ont été brisées. Ils ont ensuite tenté de faire sortir de force les deux fonctionnaires qui étaient à l’intérieur. Mais la chronologie des faits reste floue : il n’était pas encore établi s’ils sont parvenus à les faire sortir avant qu’un cocktail Molotov ne soit jeté à l’intérieur de la voiture par la lunette arrière, ou après avant ou après avoir jété un cocktail Molotov.
« T’aurais dû le laisser crever »
Légèrement blessés, les deux agents souffrent de contusions. L’un d’eux, un adjoint de sécurité, a été conduit à l’hôpital pour des examens complémentaires. Sa collègue, gardienne de la paix, souffre, elle, de contusions mais n’a pas été emmenée à l’hôpital, selon la préfecture. Tous deux appartiennent à la compagnie du périphérique de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC).
Loïc (son nom a été modifié), un ancien membre des « street medics » (équipes de bénévoles médicaux) de Nuit Debout, rencontré aux abords de la République trois heures après l’incident, a raconté au Monde.fr avoir « soigné l’un des deux policiers blessés » après que des casseurs ont incendié leur voiture. « L’homme était blessé à l’arcade [sourcilière]. La femme était choquée », témoigne-t-il. Il poursuit : « Après j’ai été agressé par des manifestants à coups de poings parce que j’avais soigné un policier. Ils m’ont dit : “T’aurais dû le laisser crever.” »
Un « acte inacceptable »
Les pompiers ont éteint le feu avant 13 heures alors que des dizaines de passants continuaient de prendre des photos. La voiture a été complètement carbonisée, et une pancarte en carton « Poulets rôtis, prix libre », déposée sur le sol à quelques mètres du véhicule.
Des affrontements très violents opposent les forces de l’ordre et certains manifestants depuis le début de la mobilisation contre la loi travail. Les contre-manifestants entonnaient encore mercredi les airs « Flics, porcs, assassins ! », « On n’oublie pas, on pardonne pas ! » ou encore « Police partout, justice nulle part ! ».
Le préfet de police a condamné « très fermement l’action violente dirigée à l’encontre » de ces deux policiers, ajoutant qu’ils « n’ont pu s’échapper que dans des conditions extrêmes face à une agression d’une grande brutalité ». Il a adressé « tout son soutien à ces deux fonctionnaires », attendant, après avoir saisi le parquet, que « toutes les suites judiciaires adaptées soient données à cet acte inacceptable ».