Les plus jeunes charrient les packs de bières, plus économiques, achetés en grande distribution. Les autres font tourner à plein régime les tireuses installées devant les bars de la place Jean-Jaurès. Les fûts sont amassés à l’intérieur des établissements qui ont tous condamné leur terrasse sur recommandation de la préfecture. Le mobilier est solidement attaché. Nulle chance de voir voler les chaises avant la rencontre entre l’Angleterre et la Slovaquie à Saint-Etienne, lundi 20 juin.

Si les commerces sont en majorité ouverts, l’inquiétude était pourtant palpable avant l’arrivée des Anglais. Les événements de Marseille étaient dans toutes les têtes. « Les équipes qui jouent à Saint-Etienne ont des supporteurs qui boivent beaucoup. Les exploitants nous ont interrogés sur la marche à suivre en matière de sécurité », expliquait Henriette Perret, responsable administrative de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de la Loire.

Ambiance bon enfant

En conséquence, les consignes transmises par la préfecture sont précises : utiliser des gobelets en plastique, éviter de mettre les couteaux et fourchettes sur table avant de servir les clients en restauration, avoir des horaires encadrés… Mais en ce lundi après-midi, l’ambiance est bon enfant. Les Slovaques sont moins nombreux, et pacifiques. Le centre-ville de Saint-Etienne parle anglais.

Des supporteurs anglais à Saint-Etienne. | WOLFGANG RATTAY / REUTERS

Les cafés arborent presque tous les couleurs de nos voisins. Les serveurs ont revêtu des t-shirts avec la croix de saint Georges. Les drapeaux viennent de tout le Royaume : il y a les gars de Chester, de Lincoln, de Leicester, de Mansfield Town, de Blackpool et ceux de Notthingham et de Sunderland. En ce début d’après-midi, les Anglais récupèrent lentement de leur soirée agitée en se prélassant sur les pelouses. La sono crache You Really Got Me de The Kinks.

La veille, ils étaient déjà en nombre. Devant le café « Les artistes », un dance-floor grandeur nature s’est improvisé. « On est content. On était craintifs avec les collègues de la place au vu des consignes. Faire ville morte pour 150 imbéciles ça aurait été dommage. Tout se passe bien. On les a laissés mixer. Il n’y a aucun incident. Ils ont un bon comportement », raconte Roderick Peugon, cogérant, dont une vidéo tournée devant son bar a atteint les 500 000 vues sur Facebook.

« La majorité des fans anglais courent » pour éviter les problèmes

Au fur et à mesure que les heures passent, l’ambiance se réchauffe. Les chansons se succèdent, reprises en chœur par les fans. Le répertoire est éclectique : de God Save the Queen, à l’hymne officieux de l’Euro adapté « Vardy’s on fire, your defence is terrified » en passant par Johnny Cash. Les verres de bière volent avec leur contenu. On joue à se renvoyer des ballons le plus haut possible. Les Anglais sont finalement de grands enfants.

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Les jumeaux Ben et Adam (24 ans), ainsi que leur ami Jake (23 ans), suivent la sélection anglaise depuis le premier match. Ils sont originaires du Kent et supportent tous Arsenal. Ils étaient à présent à Marseille lors des incidents face aux Russes. Jake porte encore les stigmates, un léger œil au beurre noir, d’une attaque de sept hooligans à son encontre. « Il faut dire que nous sommes des chics types. Nous et la majorité des Anglais nous courons quand on est attaqué… », insistent-ils de concert.

Dimanche soir, ils ont également assisté à la légère altercation entre ultras lyonnais et certains supporteurs anglais. « Nous étions dans un pub du Vieux Lyon. Des locaux ont lancé des bouteilles. Qu’est-ce que l’on a fait ? On a encore couru ! », racontent-ils. Pour les trois supporteurs d’Arsenal, seule une minorité de leurs compatriotes est susceptible de répondre aux provocations et ne refuse pas la bagarre lorsqu’elle a trop bu. « Vous savez, nous, on veut juste chanter, s’amuser et soutenir notre équipe ».

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