Euro 2016 : l’Angleterre au bout du suspense
Euro 2016 : l’Angleterre au bout du suspense
Par Yann Bouchez
D’abord menés face au pays de Galles de Gareth Bale, les Anglais ont pris l’avantage dans les ultimes secondes de jeu.
Jamie Vardy, félicité après le premier but anglais. | PHILIPPE HUGUEN / AFP
Y avait-il un lieu plus approprié en France que le stade Bollaert-Delelis et sa configuration « à l’anglaise » - sans virage - pour accueillir le derby britannique ? A priori non. Dans une ambiance exceptionnelle, et au terme d’un match agréable, les Anglais sont venus à bout de Gallois valeureux (2-1), jeudi à Lens. Mais la victoire fut longue à se dessiner.
Il fallut attendre la 91e minute et un but de Daniel Sturridge, entré en cours de jeu, pour que les Anglais obtiennent mieux que ce nul qui leur tendait les bras mais ne les arrangeait pas. Au coup de sifflet final, les fans des Three Lions pouvaient hurler leur joie.
A Lens, avant la rencontre, les supporteurs s’étaient déjà chauffé la voix, d’abord sous la pluie, puis sous quelques rayons de soleil. Sur le boulevard Emile Basly, l’une des principales artères du nom d’un ancien maire de la ville (1900-1928), on beuglait, on buvait de la bière, le tout dans une ambiance bon enfant. Le seul chant un peu hostile concernait des absents, les Russes, en l’occurrence : « Wé are England and Wales, Fuck off Russia, Wé are England and Wales ! »
Chambrages sans animosité
Des Gallois s’amusaient au passage de drapeaux à la croix de Saint Georges, entonnant un air qu’ils connaissent par cœur : « Always shit on the English side of the pitch ». Une invitation taquine à déféquer côté anglais du terrain. En réponse, Chris, un supporteur de 27 ans venu de Newcastle avec sa bande de potes, résumait en une phrase et avec gourmandise l’arrogance dont sont souvent taxés les supporteurs anglais : « On va prouver aux Gallois qu’on est bien supérieurs à eux. Nous sommes la meilleure des nations britanniques. » Des chambrages sans réelle animosité.
La meilleure des nations britanniques, vraiment ? Les débuts de la rencontre semblèrent confirmer la phrase de Chris : l’Angleterre, obligé d’obtenir un bon résultat, pressait son adversaire d’entrée et se créait une première occasion dès la sixième minute, avec un débordement de Lallana qui centrait pour Sterling. Mais l’attaquant de Manchester City ne parvenait pas à bien reprendre la balle, qui passait au-dessus des cages du gardien gallois, Wayne Hennesey.
Développant un jeu rapide et plein d’envie, plutôt agréable à regarder bien que non dénué de quelques approximations techniques, les deux équipes se neutralisaient. Une tentative de frappe lointaine de Wayne Rooney, pas très convaincant en meneur de jeu reculé, passait bien au-dessus des buts gallois (12e). Les Anglais monopolisaient la balle, sans parvenir à être vraiment dangereux. A la demi-heure de jeu, l’arbitre ne sifflait pas une main du défenseur gallois Ben Davies dans sa surface de réparation. Puis une tête de l’Anglais Chris Smalling sur un corner de Rooney venait frôler le poteau droit de Hennessey (36e).
Bale, bis repetita sur coup franc
Et Gareth Bale dans tout ça ? La star galloise paraissait particulièrement discrète, alors qu’Aaron Ramsey et Joe Allen, très actifs, brillaient au sein du milieu de terrain gallois. L’attaquant Hal Robson-Kanu tentait de faire ce qu’il pouvait avec le peu de ballons reçus. Et puis tout d’un coup, la partie bascula. Sur un coup de génie de Bale. Un coup franc obtenu après une perte de balle de Rooney. Plein axe, à plus de 30 mètres des cages de Joe Hart. Frappe puissante, sur la gauche des buts. Hart qui la touche. Mais le ballon qui rentre, aidé par le poteau. Les supporteurs du pays de Bale, très bruyants en tribunes, pouvaient exulter.
Une fois de plus, l’attaquant du Real Madrid montrait son importance dans la sélection galloise. C’est lui, déjà, qui avait ouvert le score face à la Slovaquie. Là aussi, sur coup franc. Lui qui avait inscrit sept des 11 buts de son équipe en phase éliminatoire.
Dès le début de la seconde mi-temps, le sélectionneur anglais Roy Hodgson décidait de remplacer deux de ses attaquants, Raheem Sterling et Harry Kane, par Daniel Sturridge et Jamie Vardy. Bien lui en a pris puisque c’est Vardy, auteur d’une saison exceptionnelle avec Leicester City, qui permettait à l’Angleterre de recoller au score. A quelques mètres de la ligne de but, l’attaquant reprenait une tête du défenseur gallois Ashley Williams consécutive à un centre de Daniel Sturridge (56e). L’Angleterre accumulait les actions plus dangereuses les unes que les autres. Sturridge, notamment, affolait la défense galloise.
Après quelques minutes de folie, la domination anglaise se fit moins dangereuse. Les supporteurs gallois, qui ne s’étaient pas vraiment tus, redonnaient de la voix. Entré en jeu à vingt minutes de la fin, l’attaquant des Dragons, Jonathan Williams s’offrait même une belle frappe, au-dessus des cages de Hart (80e). Mais les efforts anglais finirent par payer au dernier moment : dans un trou de souris, Daniel Sturridge trouvait le moyen d’envoyer le ballon dans les filets de Hennesey. Après le coup de sifflet final, les supporteurs anglais pouvaient reprendre le tube « We will rock you ».
Avec cette défaite, les Gallois devront assurer un bon résultat face aux Russes, lundi 20 juin, pour passer au tour suivant. Les Anglais, eux, sont déjà presque qualifiés pour les huitièmes de finale. Mais ils reviennent de très loin. Dans ce groupe B très ouvert, Slovaquie, pays de Galles et Russie ont toujours leur carte à jouer.