Intermittents : grève des salariés du « in » d’Avignon
Intermittents : grève des salariés du « in » d’Avignon
Par Clarisse Fabre
Le Collectif du festival « in » se mobilise, jeudi 16 juin, alors que les partenaires sociaux doivent se prononcer sur l’accord du 28 avril relatif à l’assurance-chômage.
Mobilisation des intermittents du spectacle lors du festival Eurockéennes de Belfort, en juillet 2014. | SEBASTIEN BOZON/AFP
Sur le front artistique, rien n’est plus inquiétant pour le gouvernement que la menace de turbulences sociales et de grèves pendant les festivals d’été. Le Collectif du festival « in » d’Avignon le sait bien : déjà mobilisé il y a deux ans lors de la précédente crise des intermittents, il vient d’annoncer, mercredi 15 juin, vers 20 heures, sa décision de faire grève jeudi 16 juin, alors que les partenaires sociaux doivent tenir leur dernière réunion – théoriquement – sur les annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l’Unédic.
Actuellement, 210 personnes travaillent à la préparation du festival d’Avignon, lequel aura lieu du 6 au 24 juillet : outre les 28 salariés permanents, figurent aussi des intermittents (artistes ou techniciens) qui sont en répétition, ou montent les décors. Et ce chiffre va croître progressivement au fur et à mesure que l’échéance approche.
Sur les 134 personnes qui ont pris part au vote, mercredi, 103 ont répondu « oui » à la grève, 20 ont dit « non ». A cela s’ajoutent 5 votes blancs et quelques bulletins nuls. « Nous, salariés du festival “in” d’Avignon, déclarons à 76,8 % notre total soutien à la grève. Nous prendrons part à la journée d’actions et de mobilisation dans tout le pays pour défendre nos professions et l’application de l’accord du 28 avril », déclare le Collectif du festival « in » dans un communiqué.
Des points d’accord, mais insuffisants
Le 28 avril, un accord a été signé, à l’unanimité, par les syndicats du secteur culturel ainsi que par la Fesac, l’organisation patronale qui rassemble les employeurs du spectacle vivant et de l’audiovisuel. Au terme d’une vaste concertation menée depuis deux ans, en vue de réformer les annexes 8 et 10, les négociateurs ont intégré les revendications essentielles des intermittents : pour être éligible à l’assurance-chômage, les artistes et les techniciens devront effectuer 507 heures en douze mois (et non plus 507 heures en dix mois ou dix mois et demi comme c’était le cas depuis 2003). En contrepartie, diverses mesures ont été votées en vue de réaliser des économies – pour un montant évalué entre 84 et 93 millions d’euros par un comité d’expert nommé par Matignon.
Cela ne suffit pas, ont rétorqué les négociateurs de l’Unédic, à l’échelon interprofessionnel (à l’exception de la CGT et de FO) : dans sa lettre de cadrage, en mars, le Medef avait demandé aux partenaires sociaux de réaliser 105 millions d’euros d’économies ; par ailleurs, l’organisation patronale estimait que l’Etat devait contribuer à hauteur de 80 millions d’euros, au titre de sa « politique culturelle ».
Matignon a déjà annoncé qu’il participerait à hauteur de 12 millions d’euros, afin d’atteindre les 105 millions d’euros d’économies réclamées. Au-delà, Manuel Valls ne souhaite pas s’engager sur le financement de l’assurance-chômage, laquelle doit relever de la solidarité interprofessionnelle.
Mais, politiquement, afin de calmer le jeu, le gouvernement entend donner des « garanties » aux négociateurs de l’Unédic en abondant un fond pour l’emploi dans le spectacle pour un montant de 90 millions d’euros. Avec le raisonnement suivant : en transformant des emplois précaires en emplois stables, on allégera d’autant les dépenses d’indemnisation du chômage. Le premier ministre marche sur un fil, à la veille de la réunion du 16 juin.