Antoine Griezmann après l’ouverture du score face à l’Albanie, le 15 juin 2016 à Marseille. | Thanassis Stavrakis / AP

Si chaque match des Bleus se déroule comme ça, l’Euro risque d’être éprouvant pour les nerfs du pays, qui ne pourra pourtant pas leur en vouloir. Cinq jours après son succès in extremis contre la Roumanie sur un but de Payet à la 89e minute lors du match d’ouverture à Saint-Denis (2-1), l’équipe de France s’est imposée in encore plus extremis face à l’Albanie, mercredi au Stade-Vélodrome de Marseille, grâce à un coup de tête d’Antoine Griezmann à la 90e minute, puis une frappe de Dimitri Payet au bout du temps additionnel.

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Avec six points après deux matchs, les hommes de Didier Deschamps sont seuls en tête du groupe A, avec deux longueurs d’avance sur la Suisse, accrochée un peu plus tôt par la Roumanie (1-1). La France, d’ores et déjà qualifiée pour les huitièmes de finale, disputera dimanche, à Lille (21 heures), face aux Helvètes, une « finale » pour la première place du groupe, laquelle offrira un tableau plus facile que la seconde pour la suite de la compétition.

Les Bleus partiront en ballotage favorable face aux Suisses, et compte tenu de leur début d’Euro, c’est un petit miracle. Incapables de battre l’Albanie lors de leurs deux dernières confrontations (1-1 en 2014, 0-1 en 2015), ils ont atrocement souffert mercredi soir face à la 42e nation au classement FIFA, privée de Lorik Cana, son atout maître suspendu pour la rencontre, et déjà quasiment éliminée du premier Euro de son histoire.

Le calvaire de Martial

Coman (à droite) et Martial (à gauche) avaient été titularisés sur les ailes, dans un système en 4-2-3-1 desquels Griezmann et Pogba étaient exclus, sans que l’on sache si l’idée de Didier Deschamps était de sanctionner leur prestation moyenne face à la Roumanie, ou de profiter de la vitesse de ses deux flèches sur les côtés. Verdict : Coman a été plutôt insipide, Martial carrément mauvais. Ce dernier a cédé sa place dès la pause à Pogba, le premier est sorti à vingt minutes du bout, remplacé par Griezmann, qui allait donc finir par débloquer la situation.

Dimitri Payet, après son but dans les arrêts de jeu, et un poteau de corner, qui n’avait rien demandé. | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Cela semblait compliqué, mais les Bleus ont réussi à livrer une première mi-temps encore plus indigente que face à la Roumanie, confisquant le ballon dans la première demi-heure mais sans en faire quoi que ce soit d’intéressant. Giroud envoyait deux coups de tête au-dessus du but de Berisha (4e, 36e) sur des coups francs de Payet, Martial voyait son tir contré (15e), les Bleus passaient même tout près de se faire punir sur un corner albanais (42e), et c’était tout.

Didier Deschamps pouvait légitimement multiplier les gestes d’humeur sur son banc, agacé par ce festival d’imprécisions, de passes qui n’arrivent pas, d’ouvertures dans le zig pour l’attaquant parti dans le zag, de duels perdus, bref, de choses qu’on a plus l’habitude de voir sur un terrain de district que dans un grand championnat international. Une violente averse de sifflets pouvait tomber sur leur tête lors du retour aux vestiaires.

La deuxième période révélait une équipe de France mieux intentionnée, plus conquérante, mais toujours aussi inefficace. Trente secondes après le coup d’envoi de la seconde période, Coman inquiétait Berisha de la tête. Une minute plus tard, un coup franc direct de Payet, que personne ne reprenait, faisait passer un frisson dans la surface albanaise, avant que Pogba n’envoie une puissante demi-volée au-dessus de la barre, à la réception d’un centre Payet d’un sublime extérieur du droit.

Les Bleus peuvent-ils vraiment espérer revoir Marseille ?

Les entrées de Griezmann à la (68e) et de Gignac (77e) donnaient plus de tranchant à l’attaque des tricolores, qui avaient auparavant flirté avec le bord du gouffre, lorsqu’un centre de la droite avait fini sur le poteau de Lloris, où Sagna l’avait envoyé bien malgré lui (52e). Un poteau partout, un quart d’heure plus tard, lorsqu’Olivier Giroud trouva à son tour le montant, sur une nouvelle tête à la réception d’un centre d’Evra (67e).

Les Bleus, imprécis, se montraient de plus en plus pressants au fil des minutes, et l’Albanie allait finir par craquer à la 90e sur un centre d’Adil Rami, improbable passeur décisif, repris au point de penalty par Griezmann, complètement seul. Le banc des remplaçants venait à peine de se rasseoir, et le public du Vélodrome n’avait pas fini d’exulter, lorsque, cinq minutes plus tard, Dimitri Payet scellait le score et l’issue de la rencontre d’une belle frappe du droit, enveloppée, à ras de terre, petit filet opposé.

L’issue heureuse de la partie ne fera pas oublier ce constat : le match d’ouverture avait enterré toute possibilité d’excès de confiance, celui-ci fait pousser un réel début d’inquiétude quant à la probabilité de voir les Bleus voyager loin dans cet Euro. La prestation collective a parfois frôlé le néant, et on aura bien du mal à dire qu’une individualité a surnagé dans ce bouillon.

Le meilleur homme du match a sans doute été le douzième : le public marseillais a produit tout au long de la rencontre un boucan phénoménal et une atmosphère validant les propos de Didier Deschamps, qui qualifiait mardi le Vélodrome de « vrai stade de foot ». Si tout se passe comme les Bleus l’espèrent, ils y reviendront le 7 juillet pour disputer une demi-finale. Mais à la lumière de leurs 180 premières minutes dans le tournoi, la perspective semble très, très lointaine.