Migrants : un premier demandeur d’asile syrien expulsé vers la Turquie
Migrants : un premier demandeur d’asile syrien expulsé vers la Turquie
Le Monde.fr avec AFP
Les services grecs ont jugé que ce Syrien de 46 ans se disant homosexuel n’était pas menacé à Istanbul. C’est la première décision rendue publique depuis la signature d’un pacte le 18 mars entre Turquie et Union européenne.
Le demandeur d’asile syrien de 46 ans est arrivé en Europe par l’île de Lesbos | Santi Palacios / AP
Les autorités grecques ont jugé jeudi 2 juin qu’un demandeur d’asile syrien de 46 ans et se disant homosexuel pouvait être renvoyé en Turquie. Il s’agit de la première décision de ce type rendue publique depuis la signature du pacte sur la crise migratoire signé le 18 mars entre l’Union européenne et Ankara.
Arrivé sur l’île de Lesbos après le 20 mars, date de l’entrée en vigueur de l’accord, l’homme avait vu sa demande de protection rejetée en première instance par les services d’asile grecs. Son appel a lui aussi été rejeté par une commission qui a jugé que la Turquie était pour lui un pays sûr, selon l’ONG Conseil grec pour les réfugiés. « Nous allons entamer des procédures pour tenter de faire annuler cette décision par la justice grecque et obtenir la suspension du renvoi », a assuré une représentante de l’ONG.
L’agence de presse grecque Ana explique que la commission d’appel s’est appuyé sur les plusieurs années passées par ce demandeur d’asile à Istanbul. Lui raconte y avoir été victime de menaces du fait de son homosexualité.
Des services d’asile débordés
L’ONG Pro Asym estime à dix le nombre de cas similaires pour lequels un asile a bien été accordé, affirmant que la Turquie n’était alors pas considérée comme un pays « sûr ». Une source gouvernementale exclut que ces verdicts remettent en cause l’accord, soulignant que les dossiers étaient traités « au cas par cas ».
Pour éviter ou retarder leur renvoi automatique vers la Turquie prévu par l’accord, la plupart des réfugiés déposent des demandes d’asile. Les services grecs ont du mal à gérer le flux de demandes. Près de 8 500 personnes arrivées sur les îles grecques depuis le 20 mars restent donc bloquées sur place.
La situation provoque des tensions mais avec les habitants mais aussi entre migrants. Jeudi soir, des affrontements ont éclaté dans un camp de l’île de Samos. Des incidents similaires ont fait une dizaine de blessés sur l’île de Lesbos.