Radiohead à son Zénith
Radiohead à son Zénith
Par Stéphane Davet
Le groupe britannique, en tournée, a reçu un accueil triomphal à Paris, où il joue deux soirs d’affilée pour présenter son nouvel album, « A Moon Shaped Pool ».
Le chanteur Thom Yorke lors du concert donné au Heineken Music Hall à Amsterdam, le 20 mai 2016. | PAUL BERGEN / AFP
Titre d’introduction de A Moon Shaped Pool, le nouvel album de Radiohead, Burn the Witch ouvre également les premiers concerts de la tournée du groupe britannique. Faute d’avoir emporté dans ses bagages les violons du London Contemporary Orchestra, qui propulsent le premier morceau du disque, le quintette confie ce rôle moteur aux cordes de ses guitares. Elles sont trois à cisailler l’air sur la scène parisienne du Zénith, le 23 mai, pour le troisième concert du retour du groupe, quatre ans après sa précédente tournée.
Une présence en nombre qui souligne la réconciliation du quintette (rejoint sur scène par un deuxième batteur, Clive Deamer) avec une instrumentation organique, confirmant magnifiquement sur scène l’importance qu’elle reprend dans son dernier opus.
Si Radiohead s’éloigne des expériences numériques au profit d’une configuration rock, il n’en préserve pas moins une vitalité créative fièrement revendiquée. Loin de se reposer sur leurs anciens succès, Thom Yorke et sa bande n’hésitent pas à jouer, au cœur d’un récital de 24 morceaux, 10 des 11 titres d’un neuvième album, dont la sortie digitale, le 8 mai, anticipait une sortie CD prévue le 17 juin.
Mélodie et sensualité
Encore mal connues d’une grande part du public, ces nouvelles chansons séduisent sans trop se faire prier. Ballade somnambulique (Daydreaming), complainte à vif (True Love Waits), groove voluptueux (The Numbers) ou mélancolique (Present Tense) témoignent d’un goût retrouvé pour la mélodie et la sensualité, transcendé par la complicité instrumentale liant Thom Yorke (chant, guitare et claviers), Jonny Greenwood (guitare et claviers), Colin Greenwood (basse), Ed O’Brien (guitare) et Phil Selway (batterie). Une connivence amplifiée visuellement par les plans rapprochés des musiciens projetés sur des écrans dressés au-dessus de la scène.
Ces interprétations laissant plus d’oxygène aux rythmes et aux harmonies savent aussi resserrer des étreintes anxiogènes quand l’exigent des titres tirés d’albums tel In Rainbows (Bodysnatchers, Weird Fishes/Arpeggi) ou The King of Limbs (Bloom, Lotus Flower, Separator). Si Radiohead caresse rarement son public dans le sens de la nostalgie, la relecture des hymnes des années 1990 respecte joliment l’intensité originelle des morceaux comme Paranoid Android, ou My Iron Lung.
L’accueil triomphal du Zénith vibre autant de l’attachement sentimental aux mélodies d’antan, que de l’admiration portée à ces insatiables têtes chercheuses. Nombre de titres pouvant d’ailleurs embrasser dimensions affective et expérimentale. A l’instar des morceaux tirés de Kid A (Everything in its Right Place, Idioteque) ou de l’envoûtante imploration de Pyramid Song, en conclusion de ce concert au sommet.
Concerts : le 24 mai, à Paris, au Zénith (complet) ; le 1er juin, à Lyon, au festival Les Nuits de Fourvière (complet).