Une journée de mobilisation contre la loi travail, point par point
Une journée de mobilisation contre la loi travail, point par point
D’un secteur professionnel à l’autre, les appels à la grève et les blocages se multiplient contre la loi travail, à la veille d’une journée d’action nationale.
Blocage à l’entrée d’un dépôt pétrolier à Donges. | STEPHANE MAHE / REUTERS
Le mouvement ne cesse de se durcir contre la loi travail, avec des grèves et des blocages qui s’étendent à de nombreux secteurs professionnels, du pétrole aux cheminots en passant par l’électricité ou la construction. Une huitième journée d’action nationale est prévue, jeudi 26 mai, par l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-UNEF-FIDL-UNL, avant celle du 14 juin. Le bras de fer se poursuit entre le front syndical, tiré par la CGT, et le gouvernement, qui a répété ne pas vouloir revenir sur le texte.
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Les grèves en cours et à venir
SNCF. Pour la cinquième fois, la CGT-Cheminots et SUD-Rail ont appelé à débrayer mercredi et jeudi. Selon la SNCF, sont prévus 3 TGV sur 4 ; 4 RER sur 5 ; 2 TER sur 3 et 6 Intercités sur 10. La situation pourrait toutefois se durcir à partir du 31 mai, avec un préavis de grève illimitée.
RATP. La CGT, premier syndicat à la Régie parisienne des transports (RATP), appelle également à la grève illimitée à partir du 2 juin pour demander la réouverture des négociations salariales annuelles et le retrait du projet de loi travail.
Des salariés grévistes de la Compagnie industrielle maritime (CIM) se rassemblent, le 24 mai 2016 à l'entrée du site du Havre, alors que la grève vient d'être votée pour protester contre la loi travail. | OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP POUR LE MONDE
Ports et docks. La CGT des ports et des docks a prolongé son mouvement jusqu’à vendredi, « en réponse à la répression » lors du déblocage des accès au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer. Au Grand Port maritime de Marseille, les employés de Fluxel ne déchargent plus aucun bateau jusqu’à vendredi, tandis qu’au Havre la grève à la Compagnie industrielle maritime paralyse les terminaux pétroliers – empêchant les approvisionnements en pétrole.
Raffineries. Les huit raffineries hexagonales sont également en grève, avec un arrêt total ou partiel de la production pour six d’entre elles.
Aviation civile. Jeudi, une grève dans l’aviation civile devrait entraîner l’annulation de 15 % des vols.
Électricité. La CGT de l’énergie, avec Force ouvrière, a lancé un appel général à compliquer la production dans l’ensemble des centrales nucléaires jeudi, envisageant jusqu’à l’arrêt complet de certaines centrales.
Construction. La CGT organise jeudi une « journée morte » dans la branche construction, bois et ameublement, avec notamment des « blocages de grands chantiers ».
Routiers. En suspens depuis les assurances apportées par le gouvernement sur le calcul des heures supplémentaires pour les routiers, le mouvement mené par la CGT et FO pourrait être relancé en fin de semaine au moment de l’Euro de football (10 juin-10 juillet).
Pétrole : pénuries et recours aux stocks stratégiques
Du personnel gréviste de la raffinerie Exxon Mobil de Gravenchon se réunit, le 24 mai 2016 à l'entrée du site, alors que la grève vient d'être votée pour protester contre la loi travail. | Olivier Laban-Mattei / Myop pour "Le Monde"
Alors que, des terminaux pétroliers du Havre aux huit raffineries françaises, les grèves paralysent les approvisionnements en pétrole, le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, a confirmé mercredi que le gouvernement avait puisé dans ses réserves stratégiques de produits pétroliers. D’après lui, l’équivalent de trois jours de stock sur 115 disponibles a été utilisés jusqu’à présent.
« La consommation hier et avant-hier est à peu près l’équivalent de trois fois la consommation habituelle », a relevé M. Vidalies, posant des « problèmes de logistique ». Ce qui explique notamment, selon lui, qu’un « peu plus de 40 % des stations sont en difficulté » dans la région parisienne. L’Ouest est particulièrement touché, ainsi que le bassin méditerranéen.
Plusieurs blocages évacués
Le pont de Normandie bloqué mercredi matin par la CGT du Havre pour exiger le retrait de la loi travail. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Plusieurs axes routiers et dépôts de carburant ont été bloqués mercredi matin, avant d’être évacués. Dans le Calvados, près du Havre, le pont de Normandie a été bloqué pendant 3 heures par la CGT du Havre.
Dans le Nord, l’accès au dépôt de carburant de Douchy-les-Mines, occupé depuis le 19 mai par des militants de la CGT et de SUD, a été débloqué à l’aube par les forces de l’ordre. Le gouvernement a débloqué « onze dépôts depuis le début de la crise », selon M. Vidalies.
A Brest, des membres de Force ouvrière et des militants du mouvement Nuit debout ont bloqué à l’aube le rond-point des Foulques, point d’accès au dépôt d’essence de la ville. Le barrage a été levé, après une intervention des CRS.
Cacophonie chez les socialistes
Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a indiqué mercredi qu’il « n’est pas prévu de revoir les principes » de l’article 2 du projet de loi travail, principal point de blocage avec les syndicats hostiles au texte, qui concerne l’articulation entre accords de branche et accords d’entreprise.
Plus tôt, le président du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, s’est montré ouvert à une évolution sur cet article 2, avec « une possibilité que la branche donne un avis a priori et non a posteriori sur l’accord d’entreprise », ce qui est réclamé par de nombreux syndicats. « La branche pourrait dire que cet accord est trop défavorable aux salariés et donner un avis négatif », a-t-il développé dans l’émission « Questions d’info ».
Offensive patronale et réponse syndicale
Le président du Medef, Pierre Gattaz, a dénoncé mercredi « des méthodes irresponsables qui vont déboucher sur la fragilisation du pays et sur du chômage à terme ». Il a aussi appelé le gouvernement à « redresser » la loi travail qui, selon lui, « ne servira à rien » telle quelle.
« Face à cette situation, il appartient à l’Etat de veiller au respect du droit et de prendre les mesures permettant de garantir l’intérêt général, la liberté de travailler et de circuler librement », ont aussi demandé, dans un communiqué commun, la CGPME (petites et moyennes entreprises), la FNSEA (agriculteurs), le Medef (patronat), l’Udes (économie sociale et solidaire), l’Unapl (professions libérales) et l’UPA (artisans).
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a de son côté prévenu qu’il y avait « des risques que la mobilisation s’amplifie », quand celui de FO, Jean-Claude Mailly, a assuré « ne pas être dans l’esprit d’arrêter » la mobilisation. Quant au numéro un de la CFDT, Laurent Berger, il a estimé dans un entretien au Parisien, qu’il était « hors de question que le gouvernement renonce à ses engagements, que ce soit en retirant la loi ou en la vidant de sa substance. Ce serait un coup dur pour les salariés, car ils perdraient le bénéfice des nouveaux droits reconnus par le texte. »