Denis Baupin en 2012. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD/AFP

Pour le collectif auquel participent quatre des huit femmes qui ont mis en cause Denis Baupin, « le sexisme et les violences faites aux femmes sont exacerbés dans le monde politique, mais ils ne sont néanmoins pas cantonnés à une sphère en particulier ». Il demande l’« extension du délai de prescription (comme c’est actuellement en discussion), possibilité donnée aux associations de porter plainte en lieu et place des victimes, protection des victimes au sein des entreprises, éducation à l’égalité et surtout campagnes ambitieuses » et s’adressant à François Hollande et Manuel Valls, qu’ils prennent « des mesures fortes qui ne les placent pas dans cette majorité d’hommes silencieux, mais du côté des représentants responsables ».

Brigitte Grésy, constate « une tolérance au sexisme sans commune mesure avec le racisme et l’homophobie ». Le collectif de femmes journalistes Prenons la une estime pour sa part que « beaucoup de journalistes et de rédactions confondent encore violences et harcèlements sexuels avec libertinage et adultère ». Il appelle à de « véritables enquêtes, comme celle qu’ont menée Mediapart et France Inter », sur le modèle de celles suscitées par l’évasion fiscale ou la pédophilie dans l’église.

Brigitte Grésy ne dit pas autre chose expliquant que « le coût de la dénonciation pour les femmes est plus lourd que celui de l’acceptation. L’enjeu est bien de garder son emploi et de ne pas passer pour une caractérielle. Alors, on bricole avec le sexisme, on banalise, on euphémise, on le blanchit ». Cette dernière remarque qu’il faut commencer par appliquer la loi – Rebsamen en l’occurrence – qui précise que « nul ne doit subir d’agissement sexiste défini comme tout agissement à raison du sexe, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant. »

A lire sur le sujet :

Affaire Baupin : « MM. Hollande et Valls, prenez des mesures fortes ». Quatre des huit femmes qui ont mis en cause Denis Baupin – Isabelle Attard (députée écologiste du Calvados), Elen Debost (adjointe EELV à la mairie du Mans), Annie Lahmer (conseillère régionale EELV d’Ile-de-France), Sandrine Rousseau (porte-parole d’EELV) –, auxquelles s’est joint l’attaché parlementaire Frédéric Toutain, estiment indispensable une politique publique spécifique contre le sexisme et les violences faites aux femmes.

Le « Baupingate » n’est pas « une affaire de bonnes femmes », par le collectif Prenons la une. Les journalistes doivent mettre en lumière les agressions sexuelles, qui sont de véritables actes délictueux, comme ils le font pour l’évasion fiscale ou la pédophilie.

Vaincre « le sexisme ordinaire », par Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Le sexisme couvre un large spectre d’agissements, qui va de la blague d’apparence anodine à la violence. Tous affirment la supériorité d’un genre sur l’autre. La loi fait trop peu pour les combattre dans le monde du travail.

A lire aussi :

Sexisme en politique : une spécificité française ?, entretien avec Magali Della Sudda (propos recueillis par Anne Chemin). Après les accusations d’agressions sexuelles qui visent le député écologiste Denis Baupin, la politiste revient sur la longue histoire du sexisme en politique.