Au Danemark, l’extrême droite favorable à une consultation sur l’Union européenne
Au Danemark, l’extrême droite favorable à une consultation sur l’Union européenne
Par Olivier Truc (Stockholm, correspondance)
Proche du Royaume-Uni, Copenhague plaide pour que Londres et Bruxelles négocient le meilleur accord possible.
Allié traditionnel du Royaume-Uni sur la scène européenne, le Danemark subit l’influence du vote britannique en faveur du « Brexit ». A l’avant-garde du camp eurosceptique, le Parti du peuple danois (DF, extrême droite) a fait savoir, vendredi 24 juin, par la voix de son président, Kristian Thulesen Dahl, qu’il verrait volontiers un référendum sur l’Union européenne, tandis que le premier ministre libéral, Lars Lokke Rasmussen, soutenu par les sociaux-démocrates, principal parti d’opposition, a exclu toute discussion sur un éventuel référendum portant sur une sortie de l’UE.
Les deux hommes sont d’accord sur un point : le Danemark doit tout faire pour que le Royaume-Uni et l’UE négocient désormais le meilleur accord possible. Mais leurs motivations sont différentes. Le premier ministre estime qu’en raison de l’énorme marché que représente le Royaume-Uni à l’export il en va de l’intérêt du royaume scandinave de rester aussi proche que possible de Londres.
Pour le responsable de l’extrême droite, en revanche, si le nouvel accord obtenu par Londres s’avérait satisfaisant, alors les Danois devraient par référendum pouvoir se prononcer pour obtenir le même type de traité. Pour DF, il ne s’agit pas de demander un référendum à partir de la situation actuelle, mais sur la base du traité que négociera Londres avec Bruxelles. Il pourrait servir de modèle pour la nouvelle relation que DF veut avec l’UE, et c’est là-dessus que les Danois voteraient. Kristian Thulesen Dahl estime ainsi qu’il est possible de trouver une sorte de troisième voie entre la pleine adhésion à l’UE et quelque chose qui ressemble plus à l’ancienne CEE.
Exercice d’équilibriste
La prudence du chef de DF, moins radical en ce sens que d’autres partis eurosceptiques européens, s’explique par un enjeu de politique intérieure. Contrairement à ce que l’on voit en France, la droite de gouvernement n’exclut pas de coopérer avec l’extrême droite. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral conservateur n’avait dirigé le pays qu’avec le soutien au Parlement de DF, au prix d’un durcissement très net des lois sur l’immigration et les réfugiés. Depuis qu’il a formé son gouvernement libéral minoritaire, qui repose sur 19,5 % des suffrages obtenus aux législatives de juin 2015, Lars Lokke Rasmussen s’appuie essentiellement sur DF (21,1 % en 2015).
La question de l’entrée de DF au gouvernement est ouvertement discutée, et une divergence radicale sur l’UE empêcherait toute coalition. D’où l’exercice d’équilibriste que mène le président de DF, se gardant bien d’évoquer une sortie de l’UE. Un sondage publié le 23 juin par le journal Politiken et la chaîne TV2 indiquait en outre que 59 % des Danois ne souhaitaient pas de référendum sur la poursuite de l’adhésion danoise à l’UE, contre 33 % qui le voulaient. Dans le même sondage, 60 % des Danois estimaient que l’adhésion à l’UE était très bien ou bien pour le Danemark, tandis que 20 % considéraient que l’adhésion était mauvaise ou très mauvaise pour le royaume.