« Brexit » : les nationalistes d’Irlande du Nord demandent un vote sur la réunification de l’île
« Brexit » : les nationalistes d’Irlande du Nord demandent un vote sur la réunification de l’île
Par Enora Ollivier (Manchester, envoyée spéciale)
L’Irlande du Nord a voté massivement pour un maintien dans l’UE, à l’inverse de la majorité du Royaume-Uni.
Dépouillement des bulletins de vote sur le Brexoit, à Belfast, le 23 juin. | Liam McBurney / AP
Les Anglais, en votant pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, sont-ils en train de rouvrir des fractures en Irlande du Nord ? La petite nation, qui représente 6 % du territoire du royaume, a voté à l’inverse du pays, à 55,8 % pour un maintien dans l’UE.
La réaction n’a pas tardé, quand le camp du « Leave » est apparu gagnant au petit matin. Le Sinn Fein, ex-branche politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), a aussitôt plaidé pour la tenue d’un nouveau référendum portant, cette fois, sur l’unification des deux Irlandes. « Le gouvernement britannique a de fait renoncé à tout mandat de représentation des intérêts des personnes ici, dans le nord de l’Irlande, puisque le Nord est entraîné hors de l’Europe », a argué Declan Kearney, dirigeant du parti nationaliste et catholique, dans un communiqué.
Cette déclaration n’est pas une surprise. Le Sinn Fein, qui réclame une réunification de l’Irlande, avait fait savoir, dès le mois de mars, qu’il demanderait un vote sur la frontière en cas de « Brexit ». Les nationalistes étaient très majoritairement contre une sortie de l’UE, synonyme, selon eux, d’un renforcement de la « partition » de l’île.
Le retour des checkpoints ?
Le « Brexit » risque en effet de se manifester, à terme, très concrètement, par une fermeture de la frontière entre la République d’Irlande et le Royaume-Uni. Cette ligne de 499 kilomètres deviendrait en effet la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’Union européenne – si l’on exclut le kilomètre qui marque la séparation entre l’Espagne et Gibraltar.
Alors que les checkpoints avaient disparu au début des années 1990 avec la création du marché unique et la signature des accords de paix, les pro-européens redoutent le retour de postes de contrôle de douane et d’identité à plus ou moins grande échelle. Une telle éventualité pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’économie, encore fragile, de la région, qui a réussi à s’épanouir grâce aux échanges avec sa voisine depuis l’accord de paix en Irlande du Nord, en avril 1998. Actuellement, plus de 30 000 personnes traversent chaque jour la frontière.