Le ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, le 24 juin à Paris. AFP / ALAIN JOCARD | ALAIN JOCARD / AFP

Les ministres des affaires étrangères des six pays fondateurs de l’UE (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) sont attendus samedi 25 juin à Berlin, pour discuter des conséquences de la décision historique des Britanniques de quitter l’UE. L’objectif est de s’assurer que la transition vers la sortie du Royaume-Uni est la moins douloureuse possible, 24 heures après le choc du « Brexit ».

Frank-Walter Steinmeier, le chef de la diplomatie allemande, doit recevoir ses homologues Jean-Marc Ayrault (France), Bert Koenders (Pays-Bas), Paolo Gentiloni (Italie), Didier Reynders (Belgique) et Jean Asselborn (Luxembourg) pour un « échange sur les thèmes actuels de la politique européenne ».

« Je suis sûr que ces États vont envoyer comme message qu’on ne laissera personne nous prendre notre Europe, ce projet de paix et de stabilité », a déclaré M. Steinmeier, après avoir la veille qualifié le vote britannique de « jour triste pour l’Europe et la Grande-Bretagne ».

Les ministres français et allemand vont présenter à leurs partenaires des « solutions concrètes » pour rendre l’UE « plus efficace », « sans entrer dans de grandes constructions », a expliqué Jean-Marc Ayrault avant de se rendre à Berlin.

Lancer la procédure de sortie « dès que possible »

Cette réunion intervient trois jours avant la tenue d’un sommet européen, prévu les 28 et 29 juin. Le Brexit sera bien sûr au cœur de ces discussions. Le Royaume-Uni entame en effet un long processus de négociation sur les conditions de sa sortie, notamment concernant un éventuel accès au marché unique. Les négociations peuvent durer jusqu’à deux ans, mais cette période pourrait être raccourcie si un accord est trouvé. D’ici là, le Royaume-Uni restera lié par les accords existants.

Le premier ministre David Cameron, qui a annoncé sa démission vendredi 24 juin, peu après l’annonce du résultat, laissera à son successeur l’épineux dossier de la sortie de l’Union. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a en réaction jugé « scandaleux » le choix de M. Cameron de ne quitter ses fonctions qu’en octobre. « Tout un continent est pris en otage » par cette décision, a-t-il déclaré à la chaîne allemande ARD.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a également demandé, sur la même antenne, que Londres dépose « immédiatement » sa demande de quitter l’UE. « Ce n’est pas un divorce à l’amiable », a-t-il prévenu. « Mais après tout ce n’était pas non plus une grande relation amoureuse ».

« L’Allemagne va continuer à jouer un rôle central »

Les dirigeants des institutions de l’UE ont pressé Londres de lancer « dès que possible » cette procédure. En France, le président François Hollande a par exemple demandé au Royaume-Uni d’enclencher le processus de sortie rapidement. L’exécutif français a en effet choisi de saisir l’onde de choc du Brexit comme une opportunité de changement dans le fonctionnement de l’Union, notamment sur la sécurité et la défense, « l’investissement pour la croissance et pour l’emploi », l’« harmonisation fiscale et sociale » et « le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique ».

La chancelière allemande Angela Merkel a toutefois appelé vendredi 24 juin les 27 États de l’Union européenne à ne pas prendre de décisions trop « rapides et simples » mais à se donner le temps de la réfléxion.

La portée du Brexit pour le reste de l’Europe « va dépendre de manière cruciale de la manière dont nous, les 27 États de l’Union européenne, nous nous montrerons capables dans cette situation de ne pas tirer des conclusions rapides et simples du référendum en Grande-Bretagne, qui diviseraient encore plus l’Europe », a-t-elle déclaré. La chancelière a invité lundi à Berlin François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, et recevra aussi séparément le président du Conseil européen Donald Tusk, pour discuter de ces sujets.