Plus de la moitié du cabinet fantôme travailliste démissionnaire
Plus de la moitié du cabinet fantôme travailliste démissionnaire
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Depuis dimanche, ce sont dix-huit membres parlementaires du Labour qui ont annoncé leur démission. Ils veulent obliger Jeremy Corbyn à quitter la direction du parti.
Le leader du parti travailliste, Jeremy Corbyn, le 27 juin à Londres. | NEIL HALL / REUTERS
En un peu plus de vingt-quatre heures, ce sont dix-huit membres du cabinet fantôme travailliste, soit plus de la moitié de la formation d’opposition, qui ont démissionné pour marquer leur désaccord avec leur leader, Jeremy Corbyn. Ils veulent ainsi l’obliger à quitter la direction du parti.
« Il est temps de te retirer », écrit dans sa lettre de démission à l’adresse de M. Corbyn, lundi 27 juin, Angela Eagle, chargée des entreprises dans le cabinet fantôme. Avant elle, John Healey, chargé du logement, Lisa Nandy, de l’énergie, et Owen Smith, du travail et des retraites, avaient annoncé leur démission, faisant suite à celles déjà rendues publiques dimanche. Tous les démissionnaires conservent toutefois leur siège de parlementaire.
Cette vague de démissions a démarré dimanche matin après le limogeage par Jeremy Corbyn d’un autre des responsables du parti, Hilary Benn, qui était chargé des affaires étrangères dans le cabinet fantôme du Labour. Les annonces se sont suivies à un tel rythme ces deux derniers jours que, selon un analyste politique de la BBC, John Pienaarn, ce « n’est pas une scission dans le cabinet fantôme mais plus une implosion générale ». « Il y avait dix-sept démissions à l’instant où je commençais cette phrase », précisait-il avant quinze heures.
Projet de motion de défiance
La démarche des démissionnaires reflète la colère de nombreux parlementaires qui ont accusé Jeremy Corbyn – élu l’année dernière à la tête du Labour – de ne pas s’être assez impliqué dans la campagne pour le maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Ils lui reprochent particulièrement de ne pas avoir convaincu le cœur de l’électorat ouvrier du Labour, dont plus d’un tiers (37 %) a voté pour le « Brexit » au mépris de la ligne officielle du parti.
M. Corbyn, qui exclut de quitter ses fonctions, a dit dimanche soir que tout changement de direction devrait se faire suivant un vote démocratique et qu’il serait candidat à un tel scrutin. Il a annoncé le remplacement des démissionnaires par des membres de sa garde rapprochée, notamment dans les domaines de la défense et de la politique étrangère.
Elu à une large majorité par les membres du parti
M. Corbyn a été porté à la tête du Parti travailliste en 2015 à une large majorité des adhérents de son parti, grâce à l’enthousiasme provoqué par ses propositions très ancrées à gauche et sa promesse d’une nouvelle approche de la politique. Ses relations avec les parlementaires travaillistes ont cependant toujours été délicates, certains de ces élus doutant que leur formation puisse remporter une élection nationale sous la houlette d’un tel chef.
En fin de journée, lundi, une réunion houleuse est attendue, lors de laquelle pourrait être examinée une motion de défiance à son encontre. Deux députées travaillistes ont déjà annoncé qu’ils prévoyaient d’en déposer une, le principal concerné assurant ne pas craindre ce projet de motion.
Le Parti conservateur devait lui aussi se réunir, dans l’après-midi, pour engager le processus de désignation d’un successeur à David Cameron, qui ne devrait s’achever qu’en octobre.